Certaines évidences, relevées ces dernières années, laissent à penser que la schizophrénie est déclenchée via des prédispositions génétiques interagissant avec des facteurs environnementaux. Or, le lien entre ce trouble mental et la marijuana semble bien se confirmer. D’après une étude parue dans Human Molecular Genetics, le cannabis pourrait bien être un de ces facteurs déclencheurs de cette pathologie. Ces observations sont d’autant plus inquiétantes, que beaucoup de gouvernements ont ou sont en passe de légaliser la marijuana au moins pour un usage médical. Une autre étude américaine parue dans JAMA Psychiatry suggère en effet que l’utilisation du haschich de manière illicite augmente dans les états ou son emploi pour motif médical est devenu légal.
Cannabis à proscrire chez les ados avec des prédispositions génétiques
Des chercheurs de l’université de Tel Aviv, ont remarqué que le fait de fumer du haschich pouvait servir de catalyseur dans la survenue de la schizophrénie chez certains adolescents déjà susceptibles à développer ce genre de troubles. « Nos recherches démontrent que le cannabis est plus ou moins à risque selon la sensibilité des individus », souligne le Dr Ran Barzilay auteur principal de l’étude.
Les scientifiques ont utilisé différents types de souris, certaines présentant une mutation qui les prédispose à développer la maladie. Les rongeurs ont été divisés en quatre catégories : celles porteuses de la mutation et exposées au THC (le composant du cannabis qui serait responsable de ces effets indésirables), celles avec la mutation et non exposées, celles dépourvus de prédisposition génétique et exposées à la drogue et enfin celles dépourvus de la variation génétique délétère et non exposées.
Apparemment, seules les souris prédisposées génétiquement ont développé des comportements liés à la pathologie après avoir été soumis au THC, comme l’ont montré les examens comportementaux et neurologiques. « Les travaux ont été conduits sur des souris mais ils imitent le tableau clinique typique d’un premier épisode de schizophrénie comme il se présente dans l’adolescence en lien avec un usage régulier de cannabis », résume le Dr Barzilay, qui est aussi un psychiatre spécialisé chez l’enfant et l’adolescent.
Une sensibilité probablement due à l’absence d’une protéine
Mais les recherches ne se sont pas arrêtées là : des observations complémentaires ont permis aux spécialistes de comprendre en partie le mécanisme d’interaction entre la drogue et les gènes. « Un mécanisme protecteur a été mis en évidence » chez les souris sans prédispositions génétiques, explique le Pr Offen, un des auteurs. Les scientifiques ont en effet constaté chez elles « une surexpression d’un facteur neurotrophique protecteur ou BDNF dans l’hippocampe ». Lorsque ce facteur est artificiellement délivré chez les souris porteuses de la mutation les prédisposant à la pathologie, elles s’avéreraient par la suite protégée contre l’effet déclencheur du THC.
Pour les auteurs, leurs recherches ont forcément des implications sur la santé publique en particulier via la découverte de ce mécanisme protecteur. Il « pourrait servir de base pour le développement futur de composés capable d’atténuer les effets néfastes du cannabis sur le cerveau. » Cependant, d’ici là, il est important pour les jeunes avec des antécédents de troubles psychiatriques (familiaux ou autres) d’être particulièrement prudent avec l’usage de marijuana.
Avoir un intérêt médical ne veut pas dire sans risque
Si la prudence doit être de mise, le fait que le cannabis est de plus en plus légalisé pour son intérêt médical pourrait tenter les adolescents à en abuser pour un usage purement récréatif. C’est du moins ce que suggèrent des travaux parus dans JAMA Psychiatry, où les auteurs expliquent avoir comparé trois enquêtes nationales aux États-Unis à différentes périodes pour examiner l’évolution de l’utilisation du haschich en fonction des législations.
Ces sondages incluent en totalité près de 118 500 personnes et portent sur les années 1991-1992, 2001-2002 et 2012-2013. Les résultats révèlent que l’usage illicite du cannabis augmente davantage dans les Etats où la drogue a été légalisée pour motif médical (une hausse de 1,4 % plus importante). La tendance est similaire quoique plus discrète sur la prévalence des troubles liés à la consommation de cannabis (les taux sont plus élevés de seulement 0,7 %).
Pour les chercheurs, il serait nécessaire de connaître les raisons de cette association. Par exemple, est-ce que le fait de légaliser la marijuana pour un usage strictement médical accroît le sentiment chez les jeunes que sa consommation est sans risque ?
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