Une hausse des cas de troubles neuropsychiatriques est-elle à craindre dans les prochaines années sous l'effet du Covid-19 ? C’est en tout cas une éventualité à laquelle l’Académie nationale de Médecine suggère de se préparer. Dans un communiqué diffusé ce 31 mai, la société savante « alerte sur le risque d’une augmentation substantielle de la charge liée aux troubles cognitifs durables sur le système de santé, du fait de cette infection virale » .
Comme le rappelle l’Académie, l’infection à SARS-CoV-2 est associée notamment à divers « symptômes d’allure neurologiques » : fatigue, troubles mnésiques, difficultés de concentration, troubles du sommeil ou de l’humeur, céphalées, etc. mais aussi troubles cognitifs. Des affections qui peuvent survenir dès la phase aiguë mais qui peuvent également apparaître ou persister « au-delà de quatre semaines », dans le cadre du Covid-19 long. « La possibilité de séquelles correspondant à des symptômes pérennes est désormais évoquée par plusieurs études de suivi de patients infectés », rappelle la société savante.
Une prévalence potentiellement élevée des troubles neuropsychiatriques
Ce qui semble alors inquiéter l’Académie de médecine, c’est la prévalence potentiellement élevée de ces troubles. Alors qu’un nombre important de patients a été contaminé par le SARS-CoV-2, « plusieurs séries authentifient une baisse des performances cognitives dans près de 10 % des Covid-19 longs, un an après l’infection », souligne le communiqué. Et les patients les plus âgés – classiquement plus sujets aux troubles cognitifs – ou ayant contracté des formes graves de Covid-19 pourraient ne pas être les seuls concernés.
Ainsi, les troubles neurologiques associés à l’infection à SARS-CoV-2 pourraient peser fortement et à long terme sur la santé publique. D’autant que, « le retentissement sur la vie personnelle, professionnelle et sociale des patients peut être considérable », et encore alourdis par d’autres symptômes persistants (troubles respiratoires, cardiovasculaires, endocriniens, etc.), insiste la société savante.
Des séquelles encore méconnues
Or ces séquelles du Covid-19 apparaissent encore méconnues. D’abord, d’un point de vue physiopathologique, « ces formes (longues) fréquentes et insolites questionnent encore sur leur nature organique », estime l’Académie, qui souligne toutefois la présence de « lésions structurelles et fonctionnelles du parenchyme cérébral (qui) apparaissent dans le temps chez des patients infectés ». Aussi, des hypothèses neurovasculaires, liées à une hypoxie ou une inflammation chronique sont avancées.
Mais surtout, en pratique, la prise en charge de ces symptômes neuropsychiatriques prolongés n’est pas encore balisée. Ce qui vaut aussi pour leur diagnostic. « En cas de symptômes persistants, le diagnostic, quant à la nature séquellaire des troubles neurologiques, neurocognitifs ou psychiatriques observés, peut être difficile à affirmer en dehors d’examens neuropsychologiques formels, alors même que cette détection n’est pas pour l’instant incluse dans les protocoles de prise en charge et que, en particulier chez les sujets âgés, le déclin cognitif post-Covid-19 doit être différencié d’un déclin « naturel ». »
Dans ce contexte, la société savante incite à conduire plus de recherches. Au-delà de la nécessité de comprendre ces symptômes neurologiques, « l’Académie souligne l’importance d’étudier, en particulier, les conséquences à long terme et le poids social de ces formes neurologiques et psychiatriques prolongées, ainsi que leurs possibilités de traitement préventif ou curatif ».
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