
Alors que la campagne annuelle de vaccination anti-grippale vient d’être lancée, le Pr Bruno Lina (virologue, Lyon) précise l’efficacité attendue pour le vaccin 2016-2017. Il explique les choix qui ont été faits pour la composition de cette nouvelle mouture. Et évoque les pistes de nouveaux types de vaccins.
Quelle est la composition vaccinale cette année ?
Plusieurs virus sont présents dans le vaccin dont deux du type A, l’un H1NI/ California et l’autre H3N2/ Hong Kong. Le H1N1/California a été retenu même s’il risque d’évoluer vers un virus Michigan dont quelques représentants ont été détectés dans l’hémisphère sud.
Le H3N2 est différent de celui de l’an dernier car il intègre le virus Hong Kong qui a récemment circulé dans l’hémisphère sud. Concernant le virus B, deux lignages circulent, or nos vaccins trivalents n’en intègrent qu’un seul.
L’an dernier, une majorité de virus grippaux de type B/Victoria non inclus dans le vaccin a circulé. Cette année, on a fait la bascule pour intégrer le virus Brisbane, assez similaire au lignage Victoria.
A quel niveau d’efficacité peut-on s’attendre ?
A ce jour, si les virus circulent comme prévu, on table sur une efficacité d’environ 60%. Mais on ne sait pas précisément quels virus circuleront cet hiver. Sur les choix des virus B et A H3N2 on est très confiants.
Sur le H1N1, on pense qu’on a opté pour le meilleur choix mais on redoute que le lignage California laisse un peu trop la place au lignage Michigan. Cela pourrait induire une baisse de l’efficacité vaccinale, mais celle-ci devrait quand même rester aux alentours de 50%.
Pourquoi n’existe-t-il pas de vaccins quadrivalents en France ?
L’OMS détermine un B prioritaire et un B optionnel. Mais pour le moment en Europe, aucun pays ne commercialise à large échelle de vaccins quadrivalents. Il en existe quelques uns aux Etats-Unis, un peu en Grande Bretagne et dans quelques pays d’Europe du nord.
Une toute petite quantité de vaccins atténués quadrivalents, quelques milliers de doses, sont disponibles en France pour les nourrissons par voie nasale. D’ici un à deux, l’ensemble des vaccins qui seront commercialisés en France seront quadrivalents. Quand on aura les quadrivalents, deux lignages B seront choisis systématiquement.
Comment circulent les virus grippaux dans le monde ?
Les choses débutent au niveau de la zone intertropicale essentiellement au niveau de l’Asie. On surveille très attentivement les virus de ces régions pour deux raisons. La première tient au fait qu’il y a là bas de la grippe tout au long de l’année. Et la seconde raison est liée aux très importantes densités de populations dans ces zones où le virus se propage facilement et le nombre de cas est très important. A partir de ces régions asiatiques, les virus remontent dans l’hémisphère nord. Pour ensuite redescendre dans l’hémisphère sud, essentiellement en Afrique et en Amérique du Sud. Et arriver ensuite en Europe. On observe scrupuleusement ce qui se passe en Australie où la circulation virale est proche de celle des zones intertropicales pour des raisons de proximité géographique. L’Australie nous donne de bonnes informations sur ce qui pourrait se passer en Europe l’année suivante. La grippe est dépendante de la température dans nos zones tempérées, c’est clairement le froid sec qui favorise la transmission virale. Mais dans les zones intertropicales où il ne fait jamais froid, c’est au contraire pendant la saison humide où le virus circule le plus. C’est la latitude qui détermine les conditions de propagation.
Les recherches sur un vaccin universel avancent-elles ?
Elles avancent lentement car il est difficile de cibler une zone invariable du virus grippal. Un tel vaccin résoudrait les problèmes d’efficacité partielle de certains vaccins liés aux mutations des virus entre le moment de l’élaboration de sa composition et celle de sa commercialisation. Il permettrait aussi de ne plus avoir à vacciner chaque année. Probablement faudra t-il juste envisager des rappels. Des essais cliniques ont débuté. Il faudra cependant attendre une bonne dizaine d’années avant la mise à disposition d’un tel vaccin.
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