Un Français sur dix touché depuis an, la dépression gagne du terrain

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Publié le 16/10/2018
Dépression

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Crédit photo : FRANKLYN RODGERS/SPL/PHANIE

La dépression gagne du terrain, d’après le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 16 octobre. En s’appuyant sur l’enquête Baromètre santé 2017 portant sur 25 319 sujets de 18-75 ans, près d’une personne sur dix a vécu un épisode dépressif caractérisé (EDC) au cours des 12 derniers mois, les femmes ayant été deux fois plus touchées que les hommes. « Après une stabilité observée entre 2005 et 2010, la prévalence de l’EDC a augmenté de 1,8 point depuis 2010. Cette augmentation concerne davantage les femmes (+3 points), les 35-44 ans (+4 points), les chômeurs (+5 points) et les individus déclarant des revenus faibles (+3 points) », détaille le BEH. Les auteurs ont pu identifier certaines situations socio-familiales et professionnelles liées à la survenue d’une dépression. Ainsi, après ajustement sur le sexe et l’âge, les troubles dépressifs sont le plus souvent en rapport avec une rupture conjugale, un veuvage.

Par ailleurs, les sans-emplois et les personnes au foyer ont été 2 fois plus touchés par une dépression. Autre population vulnérable : les étudiants dont la prévalence d’EDC a augmenté de 4 points entre 2005 et 2017. Mais le BEH pointe du doigt surtout la précarité comme un facteur causal important : « pour la première fois, une association entre la dépression et le revenu a été constatée dans le Baromètre santé 2017 ». Des études allemande et américaine récentes ont d’ailleurs confirmé les liens entre la prévalence de la dépression et un niveau bas de revenu (Psychol Med, BMC Res Notes, 2018).

Les professions les plus vulnérables

Cette enquête du Baromètre santé a permis aussi d’analyser les liens avec les facteurs professionnels sur une population de 14 520 actifs. Chez eux, la prévalence de l’EDC au cours des 12 derniers mois était de 8,2 %. Les femmes sont là encore deux fois plus touchées que les hommes. L’analyse a permis de comparer différents secteurs d’activité. D’après le BEH : les trois secteurs aux prévalences les plus élevées étaient, surtout chez les hommes, « l’hébergement et la restauration, les activités financières et d’assurance ainsi que les arts et spectacles ».

Malgré un taux de suicide élevé chez les travailleurs du monde agricole (Santé publique France, 2017), la prévalence d’EDC apparaît assez basse pour cette catégorie professionnelle selon l'enquête du Baromètre santé, peut-être expliquée par le fait que « d’après la littérature scientifique, les hommes agriculteurs sont moins enclins à rapporter une souffrance psychique », souligne le BEH.

Aux regards de ce constat, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire conclut qu'il est nécessaire de renforcer « des dispositifs de prévention et de prise en charge des troubles dépressifs, en particulier à destination des populations les plus vulnérables ». 


Source : lequotidiendumedecin.fr