Un vaccin expérimental contre Ebola s’avérerait très protecteur contre le virus d'après un essai clinique de grande ampleur mené en Guinée par l'OMS, le ministère du pays et d'autres partenaires internationaux. Les résultats, publiés dans The Lancet, viennent appuyer ceux d'un essai précédent qui s'est déroulé l'année dernière. « Ebola a laissé un héritage dévastateur dans notre pays. Nous sommes fiers de pouvoir contribuer au développement d'un vaccin qui empêchera d'autres pays de supporter ce que nous avons enduré », déclare le Dr Keïta Sakoba, Directeur de l'Agence Nationale pour la Sécurité de la Santé en Guinée.
Baptisé rVSV-ZEBOV, le vaccin a été testé via une étude qui n’incluait pas moins de 11 841 personnes. Sur les près de 6 000 individus qui l'ont reçu, aucun cas d'Ebola n'a été signalé 10 jours voire plus après l'injection, alors que 23 personnes ont développé la maladie dans le groupe contrôle.
La méthode de vaccination en anneaux testée pour Ebola
Plus précisément, l'essai clinique a eu lieu dans la région côtière de Basse Guinée, une zone où le virus Ebola était toujours présent, ce qui a permis aux scientifiques de mettre en place une approche nommée "vaccination en anneaux". Cette méthode, déjà utilisée pour éradiquer la variole consiste à tracer d'abord les personnes qui ont été en contact avec le malade durant les 3 dernières semaines (notamment ceux qui vivent dans la même maison que le patient ou lui ont rendu visite), puis ceux qui ont été en contact avec les proches du patient et les proches de ces derniers et ainsi de suite… Ainsi un total de 117 anneaux a été comptabilisé avec 80 individus par anneau en moyenne.
Au départ, ces personnes ont été randomisées pour savoir lesquels auront une dose du vaccin et seulement des adultes de plus de 18 ans ont été vaccinés. Cependant, au vu de résultats intermédiaires très encourageants, toutes les personnes présentes dans les anneaux ont pu bénéficier du vaccin et l'essai a même été ouvert aux enfants de plus de 6 ans. Il reste donc à vérifier sa sécurité auprès des enfants en bas âge et des femmes enceintes. Ceux-ci pourraient toutefois bénéficier de l'effet de groupe. En effet, d'après les résultats de l'étude, les personnes non vaccinées situées dans les anneaux seraient indirectement protégées grâce au phénomène d'immunité collective.
Néanmoins, la vaccination aurait tout de même entraîné de graves effets secondaires chez 2 patients (une réaction fébrile et une anaphylaxie). De même, la moitié des personnes ont rapporté souffrir de symptômes modérés peu après avoir été vaccinées dont des migraines, ou des douleurs musculaires qui ont disparu dans les jours qui suivirent.
Un vaccin efficace mais qui reste expérimental
Des études complémentaires sont en cours afin d'acquérir davantage de données sur le vaccin et surtout de ces effets potentiels sur les populations vulnérables comme les individus séropositifs. De même, des travaux se consacrent à la réponse immunitaire provoquer par la souche vaccinale en tant que tel car lors de cette étude il n'a pas été possible de collecter des échantillons des personnes vaccinées.
En parallèle, Merck, Sharpe & Dohme, le fabricant, a reçu cette année la désignation Breakthrough Therapy de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis et le statut PRIME de l'Agence européenne du médicament (EMA), ce qui permettra un examen réglementaire plus rapide du vaccin une fois qu'il sera soumis.
Mais si en attendant l'épidémie d'Ebola était de retour avant sa commercialisation, le laboratoire s'est engagé à s'assurer que 300 000 doses seraient disponibles en cas d'urgence d'ici la fin 2017. « Alors que ces résultats convaincants arrivent trop tard pour ceux qui ont perdu la vie au cours de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, ils montrent que lorsque le prochain épisode d'Ebola frappera, nous ne serons pas sans défense », affirme Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale à l'OMS.
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