Deux poids deux mesures… Selon une étude à paraître dans la revue Clinical Microbiology and Infection, les pratiques vaccinales des médecins généralistes français diffèrent selon qu’elles s’adressent à leur patients ou à leur famille…
Dans ce travail, les auteurs ont interrogé 1 038 généralistes ayant au moins un enfant âgé de deux à 25 ans. Si 37 % déclarent vacciner avec la même conviction patients et enfants, 60 % admettent avoir une attitude discordante, avec globalement une position plus interventionniste vis-à-vis de leurs enfants que pour leur patientèle.
La vaccination contre l'hépatite B emblématique
Le constat est particulièrement vrai pour la vaccination contre l’hépatite B. Alors qu'une étude du BEH avait déjà pointé le phénomène, dans ce travail, près de la moitié (47 %) des MG interrogés indiquent avoir systématiquement vacciné leurs propres enfants contre le VHB, mais reconnaissent ne pas toujours recommander ce vaccin à leurs patients.
Des écarts semblables sont rapportés par 36 % des médecins généralistes pour le vaccin ROR, 19 % à 28 % des MG pour le vaccin contre la méningite C (vaccination de routine et rattrapage) et 27 % pour le vaccin contre le HPV.
Comparativement, les cas où les médecins recommandent un vaccin à leur patientèle mais s’abstiennent de l’administrer à leurs enfants sont plus rares (3 % pour l'hépatite B et moins de 1 % pour le HPV). Près d’un généraliste sur 7 reconnaît toutefois préconiser de façon systématique la vaccination contre le méningo C pour les nourrissons de 12 mois, sans pour autant vacciner ses propres enfants.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ces discordances. Pour l’hépatite B, l’écart « est probablement dû à des obstacles liés au patient, analyse Marion Le Maréchal co-auteur de l’étude, dans la mesure où il y a eu des allégations non fondées faisant un lien entre le vaccin et la sclérose en plaques et cela a été alimenté par l'intérêt des médias ». D'autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte comme le coût financier du vaccin, les inquiétudes concernant les risques de vaccination ou les objections philosophiques ou religieuses. « Ces barrières sont réelles en pratique générale, mais elles n'existent pas entre le médecin généraliste et ses propres enfants », ajoute Marion Le Maréchal.
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