Le second volet de l’étude de l’ANSM et de la Cnamts sur l’exposition au valproate selon que la mère souffre d'épilepsie ou de trouble bipolaire pendant sa grossesse a été rendu publique ce jeudi. Les résultats portent avant tout sur le risque de malformations congénitales majeures (MCM) et confirment un profil de risque tératogène de l’acide valproïque.
Pas de données précises avant 2011
Ce programme d’études pharmaco-épidémiologiques a été initié en 2015 conjointement par la Cnamts et l’ANSM afin d’évaluer l’ampleur et les conséquences de l’exposition des femmes enceintes aux spécialités à base d’acide valproïque en France. Le premier volet publié en août 2016, avait mis en évidence la persistance d’un niveau élevé d’exposition à la molécule des femmes enceintes ou en âge de procréer au cours de la dernière décennie. Par exemple, 14 322 grossesses exposées entre 2007 et 2014 ont été rapportées.
Ce deuxième volet a pour objectif majeur d’estimer les risques de MCM associés à l’exposition aux médicaments selon l’indication (épilepsie ou troubles bipolaires). Elle porte sur la période 2011-2015, car c’est à partir de 2011 qu’il est possible de relier les données entre la mère et l’enfant et par conséquent d’analyser les effets indésirables de la molécule chez le fœtus.
Un risque quadruplé en cas d’exposition au valproate indiqué pour traiter l’épilepsie
Plus précisément, les travaux portent sur près de 2 millions de femmes enceintes dont 2 321 ont été exposées au valproate. Les données révèlent une situation contrastée selon « le contexte pathologique maternel » de prescription. Dans l’indication d’épilepsie, les résultats sont similaires aux revues de la littérature et montrent notamment un risque très augmenté de spina-bifida ou de cardiopathies. En parallèle, le risque global de malformations congénitales majeures serait de l’ordre de quatre fois plus important pour l'enfant à naître, exposé au valproate, si sa mère souffrait d’épilepsie. Et ce, que ce soit en comparaison aux grossesses non exposées, ou celles exposées à la lamotrigine à faible dose ou celles de femmes ayant arrêté leur traitement au valproate avant d’être enceinte. De même, ce surrisque serait dépendant de la dose prescrite.
En revanche, en cas de trouble bipolaire chez la mère, l’association entre l’acide valproïque et MCM s’avérerait moins marquée. Le risque serait deux fois plus élevé en cas d’exposition in utero et aucun effet dose n’a été constaté. Étant donné l’absence d’explication de nature biologique, cette différence résulte probablement d’interruptions précoces de traitement et aussi d’un plus faible niveau d’observance des femmes enceintes traitées pour un trouble bipolaire.
Les autres traitements pas sans risques ?
En outre, l’étude a estimé que le nombre total d’enfants exposés au valproate atteints d’au moins une MCM en France depuis sa mise sur le marché (1 967) se situait dans une fourchette entre 2 150 et 4 100.
En ce qui concerne les autres médicaments indiqués pour traiter l’épilepsie ou les troubles bipolaires, le risque de malformations apparaît plus faible avec des disparités selon les substances. Toutefois, de nouvelles associations ont été remarquées notamment ceux mettant en lien des risques tératogènes et la lamotrigine, la prégabaline, la rispéridone ou la quétiapine. Des recherches complémentaires devront sans doute être menées afin de confirmer ces observations.
Enfin, les troubles neurodéveloppementaux s’avérant difficilement identifiables dans les bases de données médico-économique de l’Assurance Maladie, ils feront l’objet d’une étude exploratoire qui est attendue pour le second semestre de 2017.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation