La revue Science a fait le point sur Zika en publiant jeudi 14 juillet trois études sur la recherche et les données épidémiologiques du virus. En effet, l'épidémie de Zika en Amérique latine devrait être finie d'ici trois ans d'après des chercheurs de l'Imperial College de Londres. Dans un même temps, une rétrospective sur le virus résume où en sont les recherches et son histoire. Enfin, des travaux menés par Humabs Biomed, un laboratoire suisse, démontrent que certains anticorps contre la dengue peuvent induire une infection à Zika plus sévère.
Vers une population immunisée contre le virus
Dans près de trois ans, la majorité de la population devrait être immunisée contre l'infection au virus Zika, selon une étude de modélisation britannique sur la transmission du virus. Ce phénomène d'immunité collective devrait ainsi repousser la prochaine épidémie a dans plus de dix ans.
Ce modèle prend en compte les facteurs déterminant la vitesse et l'échelle à laquelle émergeait l'infection chez les populations naïves. Et apparemment, la pandémie actuelle sur le continent latino-américain devrait avoir atteint son pic. Les chercheurs ont estimé la durée de l'épidémie en se basant sur la transmission du virus et le temps entre les différents cycles d'infections. « Cette étude exploite toutes les données disponibles pour comprendre comment cette épidémie va évoluer, ce qui permet d'évaluer la menace », explique le professeur Neil Ferguson, principal auteur de ces travaux. Les auteurs ont cependant remarqué qu'éliminer les moustiques n'était pas forcément une bonne chose car cela interfère avec l'établissement de l'immunité collective.
De nombreuses questions restent en suspens
En février 2016, l'OMS a déclaré que l'épidémie de Zika était une préoccupation de santé internationale. À partir de juin, plus de 35 pays à travers les Amérique ont rapporté la circulation du virus. Des spécialistes de la faculté américaine de médecine Johns Hopkins de Baltimore se sont donc attelés à résumer l'histoire du virus et l'évolution des recherches.
L'enjeu majeur reste le lien entre Zika et les microcéphalies. En effet, le 7 mai 2016, 7 438 cas suspects ont été rapportés au Brésil depuis l'arrivée du pathogène alors que l'on constatait moins de 200 cas par an avant l'irruption de l'épidémie. Mais si c'est la première anomalie congénitale reconnue, de plus en plus d'éléments viennent à prouver que Zika pourrait être responsable d'autres séquelles telles que des calcifications intracrâniennes, des ventriculomégalies, des déficiences oculaires, des hypoplasies du tronc cérébral, des retards de croissance intra-utérin voire de la mort du fœtus.
Les chercheurs évoquent également les facteurs qui pourraient expliquer la propagation rapide du virus en Amérique du Sud. Le changement climatique serait une des hypothèses vu que l'épidémie coïncide avec la résurgence d'El Niño. Celui-ci a provoqué l'élévation des températures et des chutes de pluies qui ont pu accroître la portée des moustiques du genre Aedes et améliorer la propagation du virus. De plus, le fait que ces populations aient déjà été exposées à la dengue pourrait aussi avoir joué un rôle important.
Les anticorps : cause du problème et début de solution
En effet, la dengue est causée par un autre flavivirus proche de Zika. Il est possible que les interactions immunologiques entre ces deux pathogènes aient pu faciliter la propagation de Zika en Amérique. Des chercheurs travaillant pour un laboratoire de Bellinzone (suisse), ont analysé 119 anticorps monoclonaux qui provenaient de personnes infectées par Zika. Or, certains donneurs avaient contracté la dengue auparavant. Il s'est avéré que plusieurs anticorps étaient capables de réactions croisées entre la dengue et Zika. En revanche, les scientifiques ont également découvert d'autres anticorps spécifiques au virus Zika. Ceci représente un intérêt pour l'élaboration d'un potentiel vaccin.
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