DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
L’ÉVÉNEMENT, baptisé CHAM, pour Convention on Health Analysis and Management, se veut être le « Davos de la santé ». Experts, économistes, assureurs, usagers, médecins, industriels, ont été conviés par Guy Vallancien, président du cercle santé société, et Europ Assistance, coorganisateur de CHAM, à cette première édition. Autour de cette question : soigner, de l’artisanat à l’industrie ?
Avant chaque table ronde (1), un petit film volontairement provocateur, pointant du doigt la faible productivité à l’hôpital, la timide transparence des résultats médicaux, les corporatismes de toutes sortes, et notamment médicaux. Autant d’entraves, aux yeux des organisateurs, au fonctionnement du système de santé français.
Une fois le ton donné par ces vidéos, place au débat. La voix des patients, absents, a fait défaut. Les intervenants français ont tenté d’anticiper les retombées de la loi Bachelot. Christian Le Dorze, patron du groupe de cliniques Vitalia, a décrit « un système à bout de souffle », rongé par les inégalités dans l’accès à des soins de qualité. En cause selon lui : les médecins, des « divas » obnubilées par la défense de leur pouvoir ; les Français, illogiques lorsqu’ils exigent à la fois de la qualité et de la proximité ; et les politiques, « qui répètent que l’hôpital n’est pas une entreprise, alors que c’est une entreprise, certes pas comme les autres ».
L’exemple belge.
Les hôpitaux belges ont été cités en exemple. Chacun dispose d’un directeur médical, sorte de super-manager qui conseille le directeur. La fonction n’existe pas en France. « En Belgique, chaque chef de service est le patron d’une petite PME. L’hôpital est une entreprise comme les autres, son chiffre d’affaires dépend du choix des patients », a déclaré le Dr Christian Bouffioux, directeur médical du CHU de Liège. Traque aux gaspillages, intéressement des médecins, recentrage des activités : en vingt ans, ce CHU est passé d’un déficit de 25 millions d’euros, à un excédent de 150 millions d’euros.
Longuement évoqué, le système américain, vu d’Europe, présente au moins un avantage. La mesure des inégalités – aux USA, on parle de « disparités » – est un sport national. La France gagnerait à s’en inspirer. La loi Bachelot rend obligatoire la publication annuelle d’indicateurs de mortalité et de morbidité pour chaque établissement de santé. Mais comment concrétiser ce souhait de Nicolas Sarkozy ? À en juger par leurs commentaires, les médecins français font de la résistance. Étienne Minvielle, chercheur au CNRS, note tout de même une évolution des mentalités : « Les CAPI (contrats d’amélioration des pratiques individuelles, NDLR) sont plutôt une réussite par le nombre de médecins qui y adhèrent (plus de 10 000, NDLR) , et surtout par le débat que cela déclenche sur les nouveaux modes de rémunération en France ». Les médecins britanniques, d’abord frileux, se sont faits au paiement à la performance, le tiers de leurs revenus aujourd’hui. L’économiste Claude Le Pen a pronostiqué la fin, à plus ou moins brève échéance, du paiement à l’acte en France – « Les jeunes n’en veulent plus », dit-il. Mais le « pay for performance » est-il synonyme d’une meilleure qualité des soins ? Aucune étude ne l’affirme avec force. En France, il n’existe toujours aucun lien entre le financement des structures sanitaires et la qualité des soins. Le débat est loin d’être clos.
La prochaine édition de « CHAM », en 2011, fera le bilan de la mise en place des agences régionales de santé.
(1) Les tables rondes de CHAM sont disponibles sur le site http://www.cham2009.eu
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