Les retards de prise en charge des patients atteints de cancer lors des cinq premiers mois de la première vague de Covid-19 pourraient se traduire par « un excès de décès de 1 000 à 6 000 patients dans les années à venir », a estimé ce mardi la fédération Unicancer, qui regroupe les 18 centres français de lutte contre le cancer (CLCC) en France.
Les premiers éléments de cette étude – qui fera l'objet d'une prochaine publication scientifique – indiquent que le nombre de patients pris en charge pour un nouveau cancer dans un CLCC a baissé de 7 % au cours des sept premiers mois de 2020 par rapport à 2019. « Des résultats qui vont à l'encontre des chiffres des dernières années où le nombre de patients diagnostiqués et pris en charge augmentaient de 4 % par an », analyse le Pr Jean-Yves Blay, président d'Unicancer.
Cette chute de prise en charge a même atteint 21 % entre avril et mai, lors du premier confinement, « pour les patients nouvellement diagnostiqués ». Et elle n'a pas été compensée en juin et juillet, comme l'espérait la communauté médicale. L'étude ne tient pas compte de l'éventuel impact de la deuxième vague de Covid-19.
Estimation du risque relatif
À l'échelle nationale, pour l'ensemble des hôpitaux, la prise en charge des patients cancéreux enregistre même une baisse de 23,3 % entre janvier et août 2020 par rapport à l'année précédente. Les CLCC, établissements privés à but non lucratif, prennent en charge un quart des patients atteints de cancer en France.
En s'appuyant sur l'estimation du risque relatif (représenté par chaque mois de retard au diagnostic et au traitement pour le pronostic des patients), 1 000 à 6 000 décès supplémentaires seraient donc comptabilisés dans les prochaines années, selon les hypothèses (optimistes ou pessimistes).
Pour le président d'Unicancer, l'impact dans les statistiques des nouveaux diagnostics, des rechutes et des décès par cancer ne se verra que « sur le long terme ».
Les chiffres 2020 du cancer devraient également être affectés par les décès liés au Covid. En effet, les patients cancéreux en cours de traitement actif infectés par le nouveau coronavirus ont une surmortalité de « 15 % à 30 % » par rapport à la population générale.
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