Depuis janvier 2016, la cotisation ordinale est passée à 330 euros. Cette hausse de 8% en deux ans passe mal auprès de nombreux médecins, qui s’estiment déjà mis à mal par la loi de santé, l’augmentation des charges administratives… Au point que certains frondeurs appellent à ne pas régler le surplus de cotisation décidé en 2016.
Le Dr Walter Vorhauer, secrétaire général du Conseil national, leur répond et invoque la nécessité de préserver l’indépendance de la profession.
« LE QUOTIDIEN » - Comment l’Ordre justifie-t-il les dernières hausses de cotisation ?
Dr WALTER VORHAUER - Depuis 2014, l'Ordre est passé à l’acte. L'institution a intensifié son influence et son ouverture au monde extérieur, en particulier au monde politique, afin d’assurer la défense de la profession. La loi de santé nous a beaucoup mobilisés. C’est passé par les congrès, par la grande consultation que nous avons menée à travers toute la France et par une grande campagne de publicité dans la presse. Tout cela a nécessité des fonds.Concrètement, combien a coûté la campagne de publicité ?
Au total, cela a coûté entre 4 et 5 euros par médecin en 2014. Cela comprend la campagne de communication à la télé et dans les journaux, mais aussi l’organisation de la grande consultation en métropole et dans les territoires d’outre-mer.L’Ordre n’a-t-il pas des réserves financières qui lui permettent de financer des mesures exceptionnelles sans solliciter les médecins ?
On dit toujours que l’Ordre a des millions et des millions de réserve, c’est faux. Le Conseil national a une avance de trésorerie de six mois. Et il doit aujourd’hui faire face à de nouvelles missions dont on ne mesurait pas les conséquences tant qu’elles n’étaient pas mises en œuvre. Il s’agit d’une part de la validation des acquis d’expérience et d’autre part de la montée en puissance des textes sur l’insuffisance professionnelle dont les expertises sont assurées par les finances de l’Ordre, ce qui, au passage, est un gage d’indépendance. Enfin, nous devons aussi anticiper certains frais liés à la réforme territoriale et celle sur la parité.La réforme des régions a un coût pour l’Ordre ?
Oui. Il y a des coûts liés à la réorganisation des conseils régionaux, les locaux, les frais de déplacement des ordinaux dans des régions de plus grandes tailles, la prise en charge d’indemnités des personnels… Dernier point, nous continuons la modernisation de l’institution pour faciliter la vie quotidienne des médecins : l’inscription au tableau, la mise en réseau informatique des conseils, etc. Tout cela mis bout à bout explique que nous avons dû anticiper et augmenter notre cotisation pour maintenir les finances à l’équilibre. Il faut se rappeler qu’avant 2015, il n’y avait pas eu d’augmentation depuis trois ans. Il fallait une mise à niveau.Comment expliquez-vous la réaction très négative de nombreux confrères après l’augmentation de la cotisation ?
Je les comprends très bien. Je pense que nous avons un déficit d'explications sur l’usage de la cotisation et sur nos missions. L’année dernière, nous leur avions adressé une lettre expliquant les raisons de l’augmentation. Cette année, nous avons peut-être eu tort de ne pas le faire. Mais nous allons donner toutes les explications dans notre prochain bulletin qui paraîtra fin janvier.On vous reproche aussi un manque de concertation avec les médecins de terrain, les conseils départementaux…
La loi dit que c’est au Conseil national de fixer le montant de la cotisation. Après avoir entendu la commission de contrôle des comptes et l’avis du commissaire aux comptes, on fait une proposition de budget et le Conseil national la vote. Ensuite, c’est aux conseillers nationaux de faire redescendre l’information. Dans mon département, le sujet a été évoqué et il y a eu débat. Il y a des élections ordinales dans six mois. Chacun pourra s’exprimer à travers le scrutin à cette occasion.L’un de vos confrères, membre du conseil de Moselle, appelle à ne pas régler le surplus de la cotisation 2016 qui s’élève à 10 euros. Que lui dites-vous ?
Je comprends sa démarche. Après, c’est comme le code de la route, il y a des règles. Si vous voulez les changer, il faut en passer par la voie légale. Ceci dit, je suis tout à fait prêt à le rencontrer, à lui montrer les comptes. Nous sommes dans une logique de dialogue et de conciliation.Il faut que les médecins ne se trompent pas. Si le Conseil national de l’Ordre perd son indépendance d’une façon ou d’une autre, il sera remplacé par un système de régulation, sous la coupe de l’État, comme c’est le cas dans certains pays européens. Si on veut garder notre indépendance, il faut savoir faire des efforts financiers.
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