Aujourd’hui, des technologies novatrices, comme la tomosynthèse dans le dépistage du cancer du sein ou l’échothérapie de haute fréquence dans le traitement de l’adénofibrome (et demain peut-être dans le cancer du sein), ouvrent de nouvelles perspectives.
Tomosynthèse : une technologie en attente de contrôle
Si la mammographie 2D ne réalise qu’une superposition d’images, la tomosynthèse 3D permet d’obtenir des clichés sous des angles différents, de redéployer l’image en volume et de réaliser ainsi des analyses beaucoup plus précises. En pratique, des coupes fines par tomosynthèse sont associées à une mammographie 2D au sein de la technique « Combo ». « D’après de nombreuses études internationales, de 20 à 30 % de détections supplémentaires (dont 40 % de cancers invasifs) seraient réalisées en Combo par rapport à la mammographie 2D, avec moins de faux positifs », rapporte le Dr Jean-Yves Serror, radiologue au centre d’imagerie Duroc à Paris. « Cette technique a un intérêt sur les seins denses et permettrait de limiter les faux négatifs et les faux positifs », ajoute-t-il. Il n’existe cependant encore aucune preuve d’un impact sur la diminution de la mortalité par cancer du sein. En revanche, la limite de cette technique est le doublement de la dose globale délivrée de rayons X, d’où la nécessité de contrôler les appareils.
« En France, l’utilisation de la tomosynthèse en diagnostic ou dépistage est libre, et au moins 20 % des appareils de mammographie s’en équipent. Cependant, comme aucun dépistage national n’y a recours en Europe, elle n’est utilisée que dans des zones pilotes », explique le Dr Brigitte Séradour (radiologue et gynécologue à la clinique Beauregard, Marseille). En pratique, « pour faire rentrer la tomosynthèse dans le dépistage organisé, il faudrait à la fois la formation des radiologues et le contrôle des appareils », précise le Dr Séradour. En effet, la formation nécessite d’être développée. Quant au contrôle qualité européen, il n’a actuellement pas été accepté en France par l’ANSM. La tomosynthèse est néanmoins largement utilisée en dépistage individuel.
Échothérapie de haute fréquence : un traitement mini-invasif prometteur
Pathologies bénignes opérées dans seulement 10 % des cas, les adénofibromes bénéficient aujourd’hui de la thérapie par ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) sous guidage échographique. L’appareil est composé d’une imagerie par ultrasons, permettant en temps réel de donner l’échographie de l’adénofibrome à traiter, et d’un transducteur qui concentre l’énergie des ultrasons en un point ciblé, et brûle (85 °C) par voie transcutanée la lésion à détruire. Cette alternative à l’opération est réservée aux patientes ayant un fibrome présentant une indication chirurgicale en raison de sa taille, de la douleur et de la gêne occasionnées. Si elle n’est actuellement ni commercialisée ni remboursée, cette technique réalisable en ambulatoire permettrait, selon un essai franco-bulgare, de réduire de 72 % le volume de l’adénofibrome en un an, sans effets secondaires. Au groupe hospitalier Diaconesses (Paris), le Pr Richard Villet (vice-président de l’Académie nationale de chirurgie) a inclu dans une étude 38 patientes traitées pendant 65 min par cette technique (depuis le système a été amélioré et le temps divisé par 5). Les résultats montrent une réduction moyenne de volume de 57 % à un an, associée à une disparition souvent précoce des symptômes. Les effets secondaires étaient légers à modérés (3 indurations sous-cutanées et 2 brûlures cutanées). En suite à cet essai, une étude prospective, avec un forfait innovation, va être mise en place dans 12 centres français (sur 300 patientes) afin d’analyser la différence de coût entre l’échothérapie (estimée à 1 100 euros) et la chirurgie conventionnelle (entre 1 300 et 1 800 euros).
« Il est intéressant d’utiliser les ultrasons en sénologie, d’abord sur les adénofibromes et peut-être à l’avenir pour le traitement de certains cancers », estime le Pr Villet. Certains essais sont en cours en oncologie (en association à la chirurgie ou la radiothérapie), mais l’absence de destruction totale de la lésion reste un frein majeur.
D’après les conférences organisées par le Snitem le 8 mars 2018
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