Diagnostiquer des cancers cutanés à distance par smartphone : c'est l'expérimentation lancée il y a cinq mois par les Drs Marie-Sophie Gautier et Laurence Ollivaud, deux dermatologues libérales franciliennes.
Respectivement installées à Joinville-le-Pont et Charenton-le-Pont (Val-de-Marne), les deux consœurs ont imaginé dès 2014 une application mobile, nommée Onco-dermato, permettant à des généralistes requérants d'adresser de façon intuitive et rapide, en mode sécurisé, des clichés de lésions suspectes aux dermatologues experts pour détecter des cancers cutanés. Grâce à un système d'alerte, « l'outil est conçu pour raccourcir le délai de prise en charge des lésions dermatologiques des patients », explique le Dr Gautier.
Ce dispositif de télé-dermatologie a été présenté il y a quelques jours à Élisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne, et au Dr Sophie Augros, généraliste en Savoie, qui sont les déléguées à l'accès aux soins chargées (avec l'urgentiste Thomas Mesnier) de relayer les bonnes pratiques locales et d'en tirer les enseignements pour Agnès Buzyn.
Généralistes formés
Plus de 70 généralistes expérimentent le dispositif et une dizaine de dermatologues franciliens ont rejoint l'aventure. « Les médecins généralistes ont été formés en décembre à reconnaître des tumeurs cutanées dans les zones sensibles et auprès des populations à risques », détaille le Dr Ollivaud.
En cas de doute, le généraliste transmet les photos des lésions et remplit un formulaire destiné au dermatologue via l'application. Le spécialiste peut donner son avis sur la nécessité ou non d'une consultation spécialisée rapide et, le cas échéant, organiser une prise en charge adaptée.
Les cinq premiers mois de test montrent des résultats encourageants : de fait, 46 requêtes ont été adressées aux dermatologues. Les patients nécessitant une prise en charge rapide ont été reçus dans un délai inférieur à 19 jours contre plusieurs mois hors expérimentation. L'objectif de ce diagnostic précoce avec prise en charge adaptée est de « diminuer significativement la gravité des tumeurs observées », et d'augmenter le taux de survie des patients, précise le ministère.
Rémunération contre-productive
Les deux dermatologues ne cachent pas pour autant les difficultés auxquelles elles ont été confrontées. Il leur a fallu quatre ans pour monter le projet. « Les idées, les médecins en ont. Le temps, non ! », résume le Dr Gautier. Autre handicap : la rémunération de la télé-expertise. La CNAM et les syndicats ont achevé les négociations télémédecine sur un tarif (de droit commun) de télé-expertise « simple » fixé à douze euros pour le praticien expert. « C'est inapproprié par rapport au travail que cela demande », déplore le Dr Ollivaud. Pour sa consœur, un montant si bas est même contre-productif : « Ce n'est pas attractif pour les médecins voulant se lancer ».
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