Incidence, prévalence, dépenses par assuré, par département ou par pathologie : la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) a colligé 1,5 milliard de feuilles de soins annuelles pour lancer ce mardi 21 juin sa cartographie interactive « Data Pathologies ».
Un outil de datavisualisation, accessible à tous sur le site Ameli, qui recense l’ensemble des dépenses de santé, par territoire et épisode de soin. « C’est une mine d’informations au service de tous, pour faire parler les données de l’Assurance-maladie », se réjouit Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam.
En naviguant au sein des 17 grands groupes de pathologies et les 57 sous-catégories, les professionnels de santé comme les assurés peuvent visualiser l’évolution de l'incidence et du coût des pathologies pour la Sécu, par patient et par département. L’occasion de voir qu’en 2020, quatre millions de diabétiques étaient recensés par la Cnam, chaque patient représentant 2 206 euros de dépenses par an ; ou encore que la prévalence du diabète est de 8,8 % dans la Creuse, deux fois plus que dans les Yvelines.
Ondam médicalisé
La cartographie de la Cnam concentre les 168 milliards d’euros de dépenses annuelles de 2020 pour 66,3 millions de personnes. Des données transmises par les caisses primaires « qui sont ensuite pseudonymisées et le numéro de Sécu est crypté trois fois, pour qu’il soit impossible de réidentifier les assurés », détaille Damien Vergé, directeur de la stratégie, des études et de la statistique à la Cnam. Aux données de facturation s’ajoutent les données hospitalières (PMSI), des autres régimes sociaux ou de décès, pour constituer le Système national des données de santé (SNDS).
« Nous avons fait un travail de fourmi pour identifier les pathologies dans le système de l’Assurance-maladie, en regardant par exemple les traitements délivrés », poursuit Damien Vergé. L’outil permet également d’identifier les comorbidités associées et de comparer les prévalences entre régions par exemple. « La Cnam a la volonté d’ouvrir ses données au plus grand nombre pour être utile à l’amélioration des prises en charge », avance Thomas Fatôme, qui voit encore plus loin : « Tout le monde parle de l’Ondam médicalisé, c’est ça l’Ondam médicalisé ! ».
« Nous ne sommes pas là pour dire que ça coûte trop cher ! »
En surfant sur la centaine de jeux de données en libre accès, Data Pathologies permet également de tirer de solides enseignements de l’offre de soins en France, « comme le poids des maladies chroniques », souligne Thomas Fatôme. La prise en charge des patients chroniques concentre ainsi près des deux tiers des dépenses de la Cnam, à hauteur de 104 milliards d’euros par an en 2020 – 4 300 euros par patient en moyenne.
Aussi, plus étonnant, « la santé mentale est le premier poste de dépense dans le champ des pathologies chroniques », poursuit Thomas Fatôme. Un « enjeu majeur » qui concerne plus de huit millions de Français et pèse pour 23,3 milliards dans les comptes de la Sécu, soit 2 800 euros par patient. C'est davantage que la prise en charge du cancer – 21,2 milliards d’euros pour les 3,4 millions de patients concernés – pour un coût moyen de 6 100 euros par personne.
En cancérologie, les dépenses explosent toutefois depuis 2015. « Le coût moyen des traitements pour les cancers actifs a augmenté de 18,2 % en 5 ans », confirme le patron de la Cnam, dans le contexte de l’arrivée de l’immunothérapie. Pour le cancer du poumon, le coût des traitements annuels par patient est passé, en 5 ans, de 16 900 euros à 25 300 euros en moyenne (+50 %). « Nous ne sommes pas du tout là pour dire que ça coûte trop cher ! », recadre Thomas Fatôme… qui doit toutefois rendre public, d’ici à deux semaines, son rapport « Charges et produits », avec de nombreuses pistes de maîtrise des dépenses de santé, en amont du budget de la Sécu à l'automne.
Datavisualisation pour les libéraux
« Data Pathologies permet de mettre des chiffres sur la pandémie, sur ce qui s’est passé en 2020 », ajoute le patron de la Cnam, qui confirme, comme tant d'autres, une baisse inquiétante des dépistages. « L’incidence globale des cancers a baissé en 2020, particulièrement sur le cancer du sein où on observe une baisse de 5,1 % », abonde le Dr Ayden Tajahmady, directeur adjoint de la stratégie, des études et de la statistique à la Cnam. Avec les déprogrammations en cascade et les hospitalisations ponctuelles – prothèse de hanche, cataracte – ont également chuté : 1,2 million de patients opérés en moins en 2020 (-12 %).
Fort de cet outil – « que nous avons la prétention de trouver important », juge Thomas Fatôme – la Cnam envisage de généraliser sa démarche d’open data et de datavisualisation, « pourquoi pas autour de la démographie médicale », imagine le patron de l’Assurance-maladie.
D’ici à la fin de l’année, les délégués de la Cnam, qui présentent aux libéraux leurs ordonnances types lors de leurs visites, devraient eux aussi se convertir à la datavisualisation. « Les médecins qui l’ont testé ont adoré, raconte Thomas Fatôme. L’idée est qu’ils puissent consulter en ligne leur profil quand ils le veulent, et se comparer aux autres. »
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