Maladies rénales

La dialyse du futur se fera à la maison ou par webcam

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Publié le 10/03/2016
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DIALYSE

DIALYSE
Crédit photo : Guillaume Bouvy

Un écran s’allume. D’un côté, le néphrologue, de l’autre le patient, affublé d’un casque audio sans fil. L’un est à Lyon, l’autre à Oyonnax, mais tous deux participent à une forme d’avenir de la dialyse : la télédialyse.

De l’extérieur, on pourrait penser que le dispositif est simple, mais son financement l’est moins, comme l’explique le Dr Maurice Laville, néphrologue et président de la Fondation du Rein : « Il n’y a pas d’incitation positive, la dialyse étant donc très contrainte par les aspects financiers, à l’heure où il n’existe pas de financement à l’acte. Les aides sur le matériel ne sont pas suffisantes, là où les téléconsultations ne sont pas rémunérées… » Ceci pose d’autant plus problème, hors centre, le secteur libéral ne pouvant pas absorber tous les coûts. De là, une situation paradoxale est mise à jour : quand bien même l’effort financier serait fait par des structures ou par des praticiens, le système actuel ne prévoit pas de valoriser des actes de type téléconsultation, téléassistance, téléexpertise ou encore télésurveillance. « Le temps médical est pourtant pris en déduction du temps passé au soin, poursuit le Dr Laville. Les besoins en dialyse sont de pouvoir effectuer un traitement de proximité, là où il n’y a pas de néphrologue, et éviter le plus possible le déplacement du patient ».

Multiplier les dialyses à domicile

L’Association pour l’Utilisation du Rein Artificiel dans la région Lyonnaise (AURAL) existe depuis 1974, et compte 3 800 dialysés pour 3 600 greffés, l’âge médian étant de 70 ans. Maurice Laville en est d’ailleurs le président. Le médecin directeur, le Dr Walid Arkouche, exprime les mêmes inquiétudes quant au déploiement de la télémédecine, tout en estimant que les avancées en matière de dialyse sont très encourageantes : « au-delà des coûts, le fait de pouvoir vérifier et même guider une caméra à distance peut par exemple servir à voir l’état d’une fistule ou encore d’une liaison cutanée ». Dans une salle dédiée, le praticien peut ainsi ausculter le patient, le rassurer, et si besoin zoomer, deux infirmières étant présentes de l’autre côté de l’écran et poussant le chariot mobile sur lequel se trouve le dispositif. Si cette organisation convient pour les cas lourds, il faut tendre vers les dialyses à domicile comme exhorte le Dr Arkouche : « aujourd’hui, entre 9 à 10 % des dialysés de la région Rhône-Alpes le sont chez eux via le réseau Aural. Au niveau national, cela représente 7 %, ce qui n’est pas encore suffisant par rapport à l’objectif national fixé à 55 % de greffés. Nous avons encore des efforts en termes de prévention, dépistage précoce et organisation ». En l’espèce, il en ressort que s’il manque des donneurs vivants, il est nécessaire d’inscrire en préemptif des patients qui présentent des prédispositions aux maladies rénales (diabétiques, maladies cardio-vasculaires, hypertension, cas familiaux…). Un programme d’éducation thérapeutique multidisciplinaire validé par l’ARS peut alors être mis en place, en association avec un néphrologue, une infirmière, un psychologue et une assistante sociale. Cette anticipation sur l’état de santé du patient peut s’assortir d’une dialyse à domicile, dont les machines prennent moins de place. Enfin, comme le rappelle le directeur d’Aural, outre la qualité de vie des soins qui s’en trouvent directement influés, en termes de santé publique, la dialyse en centre médicalisé représente 80 % des 4 milliards d’euros de dépenses, soit 3,2 milliards d’euros, le reste étant pour la greffe.

Guillaume Bouvy

Source : Le Quotidien du médecin: 9478