Les psychiatres sont parmi les champions de la téléconsultation. En 2021, sur les 5,1 millions de consultations en psychiatrie générale de ville, 1,2 million ont été réalisées à distance, soit 19,5 % de l’activité globale des psychiatres libéraux.
Avec des consultations sans examen physique, la spécialité semble toute trouvée pour cette pratique en vidéo. Au début « réticente », la Dr Charline Richards, psychiatre en exercice mixte dans un cabinet lillois et au CH de Calais, s’est lancée dans la visio il y a plus d’un an. Après avoir déménagé à Lille, elle souhaitait continuer à suivre ses patients calaisiens. « À Calais, le délai d'attente pour un premier rendez-vous en psychiatrie monte jusqu’à 10 mois, je ne savais pas où orienter mes patients, je n’ai eu aucune réponse de l’ARS », a-t-elle raconté lors d’un webinaire organisé par la société de télémédecine Medaviz fin mars. Elle décide donc de continuer le suivi d'une partie de sa patientèle à distance. « Aujourd’hui je ne pourrais pas faire sans, à la fois pour gagner du temps mais aussi garantir l’accès au soins », témoigne-t-elle.
Si la psychiatre lilloise suit de nombreuses pathologies en visio, elle « préfère voir le patient d’abord en présentiel ». Autre mise en garde, notamment pour les personnes en crise suicidaire : « Il faut toujours penser à prendre l’adresse du malade, pour faire intervenir rapidement les secours ».
La téléconsultation s’est révélée aussi un moyen de communication efficace avec ses collègues, par exemple pour aider un confrère à adapter une posologie d'antidépresseurs. « J’ai déjà fait des téléconsultations doubles avec un généraliste qui souhaitait avoir un avis sur un cas patient compliqué », raconte la psychiatre. « Mais toujours en demandant le consentement du patient », souligne la spécialiste qui met un point d’honneur à garantir la confidentialité des échanges. « Il faut également éviter les abus de patients qui veulent consulter dans leur lit en pyjama ou en faisant leurs courses… J’exige le même respect qu’en cabinet », insiste-t-elle. « Attention enfin à ne pas dépasser les 20 % de prise en charge en téléconsultation », met en garde le Dr Nicolas Camus, directeur médical de Medaviz. Ce quota d’actes à distance pourrait toutefois être relevé dans le futur règlement arbitral qui fera office de convention médicale.
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