Ce mercredi, l'INSERM et la start-up Owkin ont officialisé leur partenariat autour de l'intelligence artificielle (IA) en signant un accord-cadre. À cette occasion, le Pr Yves Lévy, président-directeur général de l'IINSERM, et Gilles Wainrib, chercheur en IA et cofondateur de la société Owkin, ont présenté le cadre de cet accord et leurs attentes respectives. Le chercheur en IA a indiqué que cette association « représente un potentiel incroyable pour le développement de l'IA appliqué à la recherche médicale ».
Si cet accord fait écho au rapport de Cédric Villani et à la stratégie en IA présentée par Emmanuel Macron, le Pr Yves Lévy affirme que « l'INSERM est investi depuis plus de 20 ans dans l'IA, avec 300 équipes de recherche mobilisées. Cet accord représente un tremplin important pour conforter notre place dans ce domaine ».
Le deep learning au service des big data
« L'INSERM est un producteur de données massives et les données de la sécurité sociale [SNIIRAM] qu'il exploite ont permis des avancées majeures », a souligné le Pr Lévy. « Nous avons besoin de méthodologie pour faire parler ces données afin de passer des big data aux smart data », ajoute-t-il. D'où l'intérêt de s'associer à Owkin, afin que chacun bénéficie de l'expertise de l'autre.
Créée en 2016, la jeune start-up, spécialisée dans l'analyse prédictive, s'est appuyée sur la « conjonction de deux phénomènes », raconte son cofondateur : « D'un côté, l'accumulation de données en santé, mais celles-ci ne sont pas suffisantes en elles-mêmes pour conduire à de nouvelles connaissances. De l'autre, les nouvelles technologies permettant d'extraire ces connaissances ont connu un développement incroyable depuis 2012. » L'apprentissage profond ou deep learning, système basé sur des réseaux neuronaux artificiels, a notamment le vent en poupe.
Des modèles prédictifs de réponse au traitement grâce à l'IA
Encore à l'état de prototype, la plateforme Socrates développée par Owkin est fondée sur ce principe. « Cette plateforme va permettre aux chercheurs de pouvoir créer eux-mêmes leurs propres algorithmes à partir de données médicales », explique Gilles Wainrib. À partir de diverses données (imagerie, génomiques…), l'outil va permettre de découvrir de nouveaux biomarqueurs ou de prédire la réponse aux traitements. « L'IA a la capacité d'intégrer des données complètement différentes grâce à ces outils afin de faire émerger de nouvelles connaissances et de nouvelles pistes de recherche », s'enthousiasme le chercheur en IA. Selon le Pr Yves Lévy, « l'approche développée par Owkin est intéressante, car cet outil permet de générer de nouvelles hypothèses sans a priori ».
L'objectif de l'accord est notamment d'équiper tous les chercheurs INSERM dans un délai de 1 à 2 ans. « Nous souhaitons démocratiser l'accès à cette technologie en donnant la possibilité aux 13 000 chercheurs de l'INSERM de devenir acteurs de l'IA », avance Gilles Wainrib.
« En collaboration avec des chercheurs en cancérologie, nous avons déjà pu montrer que des données "dormantes" permettaient d'acquérir de nouvelles connaissances sur de nouveaux facteurs pronostiques en 1à 2 semaines », ajoute le cofondateur de la start-up.
Une approche décentralisée des données de patients
Ce type de plateforme pose la question de l'utilisation des données personnelles. Gilles Wainrib se veut rassurant : « Avec cette approche décentralisée, aucune donnée de patients ne sort des hôpitaux ou des instituts de recherche ». Le Pr Yves Lévy précise que le règlement général européen sur la protection des données (RGPD), applicable dès le 25 mai 2018, va permettre de « responsabiliser l'utilisation des données ».
Plusieurs projets vont découler de ce partenariat et sont en train d'être définis en étroite collaboration avec les chercheurs Inserm. « Nous allons générer ensemble de nouvelles connaissances qui, nous l'espérons, conduiront à des développements industriels », conclut Gilles Wainrib.
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