« Les procédures que nous installons mettent de la rigueur là où il n’y en avait pas forcément ! », se réjouit Cédric Duboudin, directeur de la stratégie à l’ARS Bourgogne Franche-Comté. Son projet pilote eTICCS (territoire innovant coordonné santé-social) avait été retenu en 2014 dans le cadre du vaste programme « Territoire de soins numérique » (TSN) doté de 80 millions d'euros au titre des investissements d’avenir.
L'objectif de l'expérimentation bourguignonne est de mieux coordonner les professionnels (des secteurs sanitaire, médico-social et social) confrontés au vieillissement de la population et au développement des pathologies chroniques, et ce grâce à un « bouquet » de services numériques (autour du partage efficace de l’information entre la ville et l'hôpital, du maintien à domicile ou de solutions concrètes). « Nous sommes beaucoup plus rigoureux que dans la vraie vie où, souvent, c’est le système D, avec des informations qui s’échangent par SMS ou par mail, illustre le directeur de la stratégie de l'ARS. Ce sera d’ailleurs une problématique : est-ce que nos outils, s’ils sont trop sécurisés, n’auront pas du mal à fonctionner dans la vraie vie ? ».
« On aimerait que ce soit fluide mais notre raison nous le dit : il ne faut pas que les données soit accessibles trop facilement », souligne de son côté le Dr Didier Rondepierre, médecin généraliste à Montret, associé aux travaux coordonnés par l’ARS. Le défi est de construire une plate-forme digitale fluide, simple d'utilisation, tout en garantissant la protection des données de santé.
350 000 habitants concernés
L'expérimentation eTICCS est déployée sur le Nord de la Saône-et-Loire, dans un bassin de population qui compte 350 000 habitants. Sa cible initiale : les personnes âgées identifiées comme relevant des cas complexes. L’URPS médecins libéraux a été associée en amont à travers un groupe de 40 médecins généralistes sélectionnés comme « comme panel de consommateurs », rappelle Christophe Lannelongue, directeur général de l’ARS.
Le bouquet de services est toujours en construction. Le premier chantier concerne un outil d’échange ergonomique entre l’hôpital et la médecine de ville. Sa version bêta est en test au centre hospitalier de Chalon-sur-Saône qui travaille en lien avec deux réseaux de soins. « Cela représente 37 professionnels de santé et 12 patients qui testent l’outil », précise Cédric Duboudin (ARS). D’ores et déjà, dans la V1, lancée en octobre, la messagerie sécurisée prévoit un système d’alerte, grâce auquel le généraliste est averti de l’hospitalisation ou de la sortie de l’un de ses patients.
Agendas partagés, recherche d'un dermato...
L’outil numérique répond à une attente prioritaire. « Il centralise les informations nécessaires à une bonne prise en charge », ajoute Cédric Duboudin. « Cela veut dire par exemple que l’interne n’aura pas à courir après le généraliste pour récupérer l’ordonnance en cours », précise Didier Rondepierre.
A partir de mi-octobre, d'autres professions (pharmaciens, kinés, infirmiers) seront dans la boucle afin d'améliorer l’outil. Le projet a aussi vocation à atteindre d’autres cibles – diabétiques, personnes atteintes d’un cancer… – à la faveur de nouvelles fonctionnalités.
« À terme, e-TICCS devra être un outil assez intégré, précise Bertrand Le Rhun, responsable de la mission e-santé à l’ARS. Il offrira un environnement de travail où, en plus de la messagerie sécurisée, on accédera à ViaTrajectoire® [système d’orientation utilisé dans la région pour organiser la sortie d’hôpital et l’entrée en soins de suite], à des agendas partagés permettant de coordonner les interventions au domicile des professionnels, ou encore à des outils de recherche par spécialité, pour trouver un dermatologue par exemple ».
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