Blâmé par plusieurs syndicats de médecins libéraux et des concurrents, Stanislas Niox-Chateau, président et cofondateur de la plateforme Doctolib, défend son entreprise et sa stratégie dans « le Quotidien ». Il dément tout favoritisme, « parasitisme » ou « détournement » de patients et met en avant le travail fait en concertation avec les professionnels de santé pour améliorer jour après jour la plateforme de prise de rendez-vous médicaux.
LE QUOTIDIEN : Depuis un mois, Doctolib est la cible d’attaques nourries. Êtes-vous surpris par ce bruit de fond ? Inquiet ?
STANISLAS NIOX-CHATEAU : Non, cela ne nous inquiète absolument pas ! Nous sommes en pleine croissance. Nous avons 65 000 professionnels de santé dont 3 000 qui nous ont rejoints rien qu'en novembre. Nous avons un plan de recrutement pour atteindre 1 000 salariés en 2019. Certes, quelques praticiens nous ont critiqués. Les attaques de médecins font du bruit pour faire du bruit ! Ça en est même déprimant ! Ces attaques, c'est l'antithèse de notre travail depuis cinq ans.
Nous avons contacté l'ensemble des médecins auteurs des critiques et leur avons proposé de discuter. La majorité ne souhaite pas nous recevoir. Certains ne connaissent même pas Doctolib !
J'ai créé cette société pour améliorer la santé des Français. Innover en santé, c'est tellement dur ! Or, la clé de Doctolib, c'est de travailler avec les praticiens. Ils votent pour les nouvelles fonctionnalités ou donnent leur avis pour améliorer le service. Nous les recrutons aussi pour accélérer nos innovations ou animer les communautés médicales. J'ai participé à l'installation de milliers de praticiens moi-même. Notre objectif est de faire gagner du temps médical, de réduire le temps administratif, de les aider à développer leur patientèle et à améliorer la coordination des soins.
L'Union française pour une médecine libre-syndicat (UFML-S) est particulièrement virulente à votre égard. Il vous accuse même de favoritisme. Que leur répondez-vous ?
C'est 100 % faux. Certains utilisent Twitter et Facebook comme méthodologie de communication pour faire le buzz et mettre en avant une solution concurrente de Doctolib. Il n'y a aucun favoritisme, aucun « parasitisme » et aucun détournement.
Nous parlons ici de l'annuaire. Or, 95 % de notre activité tourne autour de l'agenda et de ses fonctionnalités .
Cet annuaire, donc, a été créé avec tous les praticiens grâce à des bases publiques. Il n'y a pas de modèle économique ou marketing. Avant, le patient était redirigé vers la page d'accueil de Doctolib pour rechercher un nouveau praticien si le sien avait supprimé sa fiche de l'annuaire. Il s'agissait dans la majorité des cas de médecins partis en retraite. On parle là de quelques dizaines de médecins.
Aujourd'hui, le patient est redirigé vers une page d'erreur. Ça n'a donc aucun impact pour personne.
La plateforme RDV médicaux a saisi l’Autorité de la concurrence pour vérifier si « l'exclusivité de l'accès aux agendas des médecins » de l'AP-HP (Paris) avec qui vous êtes partenaire ne contrevient pas aux règles d'une « saine concurrence ». Où en est-on ?
Notre concurrent a porté plainte contre l'AP-HP, pas contre nous. Il y a eu un appel d’offres en 2016 que nous avons gagné. Le contrat concerné relève du Code des marchés publics et répond dans ce cadre à des conditions très strictes en matière de concurrence. Il n'est pas rare d'aboutir à des marchés mono attributaires. Cette attaque n'a donc aucun sens. D'ailleurs, nous ne sommes pas propriétaires des données des patients. Elles sont chez nos deux hébergeurs de données de santé. Il y a une sécurité maximale. On respecte à 100 % la loi.
La Fédération des médecins de France (FMF) va même plus loin en dénonçant un détournement des patients de l’AP-HP vers le privé. Comment est-ce possible ?
C'est un bug technique des deux côtés – AP-HP et Doctolib – que nous avons résolu. Aucune prise de rendez-vous n'a été réalisée dans ces conditions-là. Il y a sur le site de l'AP-HP une plateforme qui permet de prendre un rendez-vous directement sur le site. On choisit un praticien, un motif et une plage horaire. Seuls les créneaux de l'AP-HP du praticien apparaissent. Mais, pour certains praticiens ayant arrêté d'exercer à l'AP-HP, on a assisté effectivement à un renvoi ponctuel, sans prise de rendez-vous, vers leurs cabinets de ville.
Des praticiens critiquent les systèmes d’avis et de notation laissés après une consultation. Doctolib se lancera-t-il ?
Il n'y a ni avis, ni évaluation, ni commentaires sur le site de Doctolib. Je suis totalement contre et je l'ai déjà dit. La médecine n'est pas une entreprise. Je préfère être bien soigné par un médecin qui reçoit mal que l'inverse. En revanche, nous fournissons aux praticiens qui l'ont demandé un questionnaire en ligne, du même type que le questionnaire de la salle d'attente. Les praticiens peuvent s'ils le souhaitent l'envoyer par e-mail à leurs patients après la consultation. Il a été créé par le praticien, il est anonyme et à usage exclusif du médecin.
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