L'association Douleurs Sans Frontières (DSF) est née en 1996 d'un constat alarmant : dans les pays du Sud, la douleur physique et la souffrance morale des populations n'étaient pas considérées, rarement prises en charge.
La douleur intense liée à la maladie chronique (diabète, cancers, zona…), aux suites d'interventions chirurgicales, mais aussi celles qui ne mettent pas en jeu l'espérance de vie (céphalées, lombalgies…) étaient, le plus souvent, ignorées. « Dans les pays en développement où les femmes ne travaillent pas, la douleur a des répercussions physiques, psychiques, mais aussi économiques : lorsque le père de famille se trouve confronté à une grande souffrance (dans le cadre d'une pathologie grave, par exemple), qu'il ne peut plus travailler et que la mère de famille est au foyer, toute la famille est impactée », déplore le Pr Alain Serrie, président de DSF.
Durant ses premières années d'existence, DSF s'est investie aux côtés de personnes amputées en Angola, au Mozambique et au Cambodge. Dans ces pays minés, les médecins de l'association, tous bénévoles, prenaient en charge les douleurs post-opératoires à la suite d'amputation, mais aussi les douleurs des personnes atteintes de cancer ou de sida et celles des grands brûlés. Les souvenirs du fondateur de l'association sont nombreux : « Dans les camps remplis de paillotes éclairées par des lampes à pétrole, les enfants jouaient, couraient… et finissaient par faire tomber ces lampes. Ils se brûlaient, souvent grièvement, et faisaient flamber leur paillote. Il fallait les prendre en charge, soulager leurs brûlures, procéder à des greffes de peau… Il fallait également pallier la pénurie de pansements, souvent responsable de septicémie chez les grands brûlés », regrette le Pr Serrie.
Intervenir au Kurdistan
Actuellement présente dans une dizaine de pays en développement, DSF projette d'intervenir au Kurdistan, mais ne dispose pas encore des moyens suffisants. « Dans les camps de réfugiés, outre la maladie, j'ai constaté la souffrance morale profonde des Kurdes. Beaucoup ont perdu femme et enfants à Mossoul ; ces derniers étant parfois maltraités par des Djihadistes. Il est, certes, important de reconstruire des ponts ou des écoles au Kurdistan, mais il faut aussi reconstruire les gens, panser leurs plaies morales », souligne le président de DSF.
Outre la prise en charge de la douleur, DSF a pour philosophie le transfert de compétences : les médecins de l'association fournissent un enseignement pratique et théorique de qualité dans les facultés de médecine locales. « Nous avons obtenu qu'à Phnom Penh, à Antananarivo ou à Port-au-Prince, les étudiants en médecine passent le même concours, le même jour que ceux de l'université Paris-7 », note Alain Serrie.
Pour DSF, la recherche est également primordiale : l'association souhaite, notamment, trouver des méthodes afin d'évaluer les médecines traditionnelles d'Inde du Sud, d'Amérique latine et de la Chine. « Ces médecines ont traversé des millénaires et nous avons sûrement beaucoup à en apprendre », assure le Pr Serrie.
DSF comporte, en outre, un volet audit et conseil. Elle a, par exemple, conseillé les autorités cambodgiennes et marocaines sur la gestion de la douleur dans le cancer. En France, l'association sensibilise la population à la douleur via des pièces de théâtre où les spectateurs sont appelés sur scène pour jouer des rôles de la vie quotidienne. Ces pièces étant suivies d'une conférence sur la douleur.
Pour financer toutes ses missions et réussir à s'implanter au Kurdistan, DSF a besoin de la générosité du public. Pour cela, le 9 décembre, l'association fêtera sa 20e année en organisant un concert dans la majestueuse église du Val-de-Grâce.
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