Ils étaient quelques dizaines, en fin de matinée, devant l’université Paris-Descartes, rue des Saints-Pères, à brandir des photographies de leurs proches qui ont fait don de leur corps à la science, avec cette question « Qu’a-t-on fait de lui/d’elle ? ».
Ces membres du collectif « Proches des victimes du centre du don des corps à la science », constitué à la suite des révélations de « l’Express », fin novembre, sur les conditions indignes de conservation des corps au sein du Centre du don des corps (CDC) de Paris-Descartes, s’étaient rassemblés avec leurs soutiens, médecins et futurs donneurs, avant d’être reçus par la présidence de l’université.
Entretien entre proches et présidence de l'Université
La rencontre a été « plus cordiale et plus empathique que précédemment, raconte au « Quotidien » Baudoin Auffret, porte-parole du collectif, dont le père décédé en 2017 a légué son corps au CDC. On a senti une volonté d’aller dans le même sens que nous. »
Alors que 24 plaintes ont été déposées par des familles de donneurs contre le CDC, que d’autres plaintes sont à venir, et qu’une enquête a été ouverte par le pôle santé du parquet de Paris, le collectif souhaite que « toute la lumière soit faite : il faut que les responsables, Frédéric Dardel (ancien président de l'Université et actuel conseiller de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, N.D.L.R.) et le Pr Guy Vallancien (selon « l’Express », il aurait monté une société pour la revente des corps à des industriels, N.D.L.R.) répondent de leurs actes devant la justice, insiste Baudoin Auffret. Ces personnes ont laissé faire, marchandé des corps et porté atteinte à la dignité humaine ». Joint par « le Quotidien », le Pr Guy Vallancien n'a pas souhaité s'exprimer.
Un appel à plus de transparence
Le collectif dénonce par ailleurs le manque de traçabilité des dépouilles et porte des revendications en faveur de l’instauration d’un cadre éthique au don des corps à la science, alors que celui-ci ne fait actuellement l’objet d’aucune réglementation précise. « Nous voulons plus de transparence » sur le devenir des corps, mais aussi « une meilleure communication en amont pour le donneur et sa famille », détaille Baudoin Auffret. Le collectif souhaite également la mise en œuvre d’une charte pour permettre aux donateurs de s’opposer à la vente de leur corps.
À la suite des révélations de « l’Express » fin novembre, le Sénat a adopté, fin janvier, un amendement au projet de loi bioéthique visant à encadrer les conditions de dons du corps à la science. Le texte prévoit le recueil d’un consentement « de manière écrite et expresse » avant un don « à des fins d'enseignement médical et de recherche ».
Il précise également que « ce don ne peut être effectué qu’au bénéfice d’un établissement de santé, de formation ou de recherche titulaire d’une autorisation délivrée par le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche », et que « les conditions d'ouverture, d’organisation et de fonctionnement de ces établissements sont définies par décret en Conseil d’État ».
Le vote du Sénat constitue un « premier pas, concède Baudoin Auffret, mais cela reste insuffisant car la confiance est rompue ». Pour l’heure, le collectif attend l’ouverture d’une information judiciaire afin qu’un juge d’instruction mène les investigations.
Le CDC cambriolé
En parallèle de la manifestation, une information de « l’Express » et de FranceInfo faisait état du dépôt d’une plainte, déposée fin janvier par l’université Paris-Descartes, à la suite d'un cambriolage au CDC. Le cambriolage concernerait des archives, notamment des années 2002, 2009 et 2016.
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