Même si le CCNE a tout fait pour que les États généraux de la bioéthique ne tournent pas au débat d’experts, les médecins n'en sont pas restés à l’écart. À preuve : pas moins de 36 sociétés savantes ont été auditionnées ces derniers mois. À l’issue de la phase de concertation, synthétiser la position du corps médical n’est pourtant pas si simple. Notre sondage donne pour la première fois une idée de son état d’esprit. Enfin, si l’on peut dire, tant les praticiens apparaissent partagés sur la nécessité de faire bouger ou non le cadre actuel. Relevons toutefois deux tendances de fond. Les blouses blanches semblent moins pressées que leurs patients sur certaines revendications sociétales telles que l’élargissement de l'AMP ou la fin de vie. Et à l’inverse, elles se montrent volontiers proactives dès que des enjeux scientifiques sont en jeu.
Au-delà de ce constat, la prudence est de mise. Difficile sans doute de réduire la complexité des situations cliniques à des réponses forcément binaires et qui pourraient bien varier selon les disciplines. Les oncologues sur la fin de vie, les gynécologues sur la procréation, les transplantologues sur le don d’organes ne sont pas nécessairement au diapason de leurs confrères dans leur périmètre respectif. La plupart des médecins demeurant pour le reste relativement peu impactés par les sujets débattus, du moins dans leur pratique quotidienne. Cette retenue des soignants pourrait s'expliquer enfin par des raisons prosaïques. Exerçant dans un contexte déjà si mouvant, ils n'ont pas forcément envie qu’on en rajoute sur les réformes… Et pas toujours loisir de se projeter dans le futur non plus. Comme le disait récemment l'ancien président du CCNE, Jean-Claude Ameisen, «il faut prendre du temps pour réfléchir à demain...»
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