Pour avoir dérobé le feu aux Dieux de l’Olympe et l’offrir aux hommes, Prométhée endura un long supplice.
Les premiers hommes à utiliser le feu ne manquèrent pas de déclencher des incendies. Vraisemblablement, aujourd’hui ne pourrions-nous pas davantage utiliser le feu que le gaz de schiste ou toute autre énergie en regard du risque encouru.
Le principe de précaution conçu dans les années 1970 sous le terme de principe de responsabilité par le philosophe Hans Jonas trouva son application dans la protection de l’environnement conduisant à son adoption par la déclaration de Rio en 1992.
Promu par la loi Barnier en 1995 toujours rattaché à l’écologie, il a été inscrit dans la Constitution française par Jacques Chirac en 2005.
Les scandales sanitaires de l’époque (sang contaminé, vache folle, hormone de croissance) ont conduit les politiques à se couvrir par cette décision en dépit de l’avis négatif de l’Académie des sciences.
Son extension naturelle vers la médecine, a conduit le conseiller Marceau à insister sur le fait que « l’introduction du principe de précaution dans le droit à la responsabilité médicale pourrait comporter plus de risque de déséquilibre que de facteurs favorables à une évolution harmonieuse du partage entre le risque et la faute ».
Le principe de précaution a de nombreux effets pervers. Outre le fait qu’il peut brider la communauté scientifique en annihilant son dynamisme, il peut également s’avérer coûteux. Par exemple, l’hospitalisation de jour, économique pour la sécurité sociale, s’accompagne nécessairement d’une sortie prématurée du malade pouvant avoir des implications médicolégales. Le principe de précaution pourrait également nuire à l’apparition de nouvelles molécules, voire conduire au retrait de certaines par le seul fait qu’un très faible pourcentage de patients pourrait avoir des effets secondaires nuisibles.
Bien des voix se sont élevées contre le principe de précaution, sans succès tant il est difficile de changer un état d’esprit dans une société qui voudrait tendre à un risque zéro.
Le professeur David estime que « le principe de précaution est une réponse dangereuse à l’exigence sécuritaire de la société pouvant faire sauter les limites légitimes qu’implique une gestion équilibrée et juste des ressources budgétaires affectées à la santé. »
Conscient des faiblesses de la fonction publique, Jacques Attali, exprimait clairement que les fonctionnaires frileux n’hésiteraient pas à brandir le principe de précaution dans la volonté de se couvrir de manière excessive alors même qu’ils seraient ignorants de l’ensemble des avantages et des recherches en cours face à l’ambivalence des études scientifiques.
Si le principe de précaution venait un jour à être opposé en justice face au risque qu’il a fait encourir à la société, les responsables politiques ne manqueraient pas d’évoquer une nouvelle fois la formule célèbre « responsable mais non coupable ».
L’équilibre bénéfice – risque n’est que rarement bien apprécié par la population. Les médecins actuels dans une variante atténuée de l’ancien « Primum non nocere » sont réticents à tenir des positions fortes au sujet des vaccinations ou, pour les cardiologues, la prolongation des traitements anti-agrégants plaquettaires ou l’optimisation des traitements anticoagulants par les dosages forts des anticoagulants oraux directs (AOD), ou encore la titration des traitements de l’insuffisance cardiaque rarement obtenue.
Une spécificité française
La frilosité française apparaît comme une spécificité nationale. Nombre de pays européens se sont en effet affranchis de ces réserves et ont acquis une expérience aussi bien dans la lecture du génome que le recours aux OGM ou l’exploitation du gaz de schiste, domaine dans lequel la France a un retard qui risque de peser sur l’économie future.
Certains émettent des avis plus favorables au principe de précaution tel le Pr Michel Prieur qui pense que ce principe stimule la recherche scientifique pour réduire les incertitudes et la mener à l’excellence. Il pourrait conduire les entreprises à adopter un comportement plus responsable.
Mais une application maximaliste de ce principe couplée à un interventionnisme étatique dans l’économie peut engendrer une disproportionnalité dans la balance bénéfice-risque démotivant la recherche et devenant source de nouveaux dangers pour la santé et l’environnement, nuisant ainsi paradoxalement à la volonté de protection. (Par exemple, maladie parasitaire et utilisation du DTT).
Pour citer l’entrepreneur et essayiste Mathieu Laine : « l’histoire de l’humanité a toujours été guidée par cette logique de l’essai de la tentative et de l’erreur sans cesse corrigée pour parvenir à la vérité. Le principe de précaution annihile cette dynamique et paralyse le progrès ».
Les adeptes du principe de précaution veulent voir l’avenir comme la prolongation du présent renonçant à l’esprit explorateur inhérent à l’homme depuis le temps de l’homme des cavernes.
Collège national des cardiologues français
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