Diagnostic préimplantatoire

Techniquement, les résultats sont encourageants

Publié le 25/05/2011
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Crédit photo : PHANIE

AUTORISÉ par la loi de bioéthique depuis 1999, le diagnostic préimplantatoire (DPI) est pratiqué en France dans trois centres agréés : Clamart, Montpellier et Strasbourg. « Les constats à tirer de ces dix premières années sont nombreux », indique le Pr René Frydman, chef du pôle Femme-couple-embryon-enfant d’Antoine Béclère (Clamart). Dans ce dernier centre, 1 889 demandes ont été traitées avec une prise en charge, au 31 décembre 2009, de 1 081 couples. Parmi ces couples reçus en consultation multidisciplinaire, 852 ont déjà été stimulés 1 056 fois. Les transferts embryonnaires ont abouti à 155 grossesses cliniques. Celles-ci ont donné lieu à 29 fausses couches spontanées et 126 accouchements. 151 enfants sont nés soit un taux d’implantation à 29,6 % et sans qu’aucune erreur diagnostique dans le cadre du DPI n’ait été retrouvée. Alors que le taux d’implantation n’était que de 17 % en 2004, la technique apparaît donc aujourd’hui « fiable et efficace ».

Un succès technique mais pas humain

Au regard de ces résultats, « le DPI répond donc à sa mission première ». Le second constat concerne « les progrès effectués dans le domaine de la génétique avec un approfondissement des indications du DPI ». Actuellement, poursuit le gynécologue-obstétricien, « notre centre est en capacité de réaliser un DPI pour plus de 75 pathologies moléculaires en plus des différentes translocations ». Mais l’élargissement des indications implique une augmentation « encore plus rapide » des demandes des couples et par conséquent, l’allongement des délais de prise en charge. Entre la demande émanant du généticien et la première consultation multipdisciplinaire, le couple doit patienter environ un an et demi, puis encore six mois avant la première stimulation. Du fait du vieillissement ovarien, un tel délai se traduit par une perte de chance. « Cela ajoute également pour ces couples au passé le plus souvent lours ponctués de fausses couches spontanées, d’IMG ou de décès d’enfants, une anxiété importante ». L’évolution technique de cette prise en charge thérapeutique, encadrée et transparente (les centres autorisés publient régulièrement les indications de DPI à l’agence), est en constante évolution depuis ses débuts. « Le manque de moyens dédiés à cette technique est aujourd’hui le majeur frein à son développement et représente à nos yeux le principal problème éthique », regrette le pionnier de la fécondation in vitro en France.

Un espoir en question

L’équipe du centre parisien (le seul, en France, à s’être lancé dans le double DPI- HLA compatible), revient également sur la polémique déclenchée par la naissance du premier bébé français, le 26 janvier : un bébé qualifié de « double-espoir » pour certains, de « médicament » pour les autres. La loi bioéthique de 2004 a autorisé, en plus du diagnostic génétique, un typage tissulaire des embryons quand cela peut permettre d’améliorer significativement l’état de santé d’un aîné malade (par une greffe de sang de cordon). Sur les 19 dossiers de demande d’autorisation adressés à l’Agence de la biomédecine depuis le décret d’application de 2006, 17 dossiers ont été acceptés (2 dossiers considérés comme incomplets). Quinze demandes concernaient des couples à risque de transmettre une dépranocytose, quatre une béta-thalassémie. Parmi les 17 couples dont le dossier a été validé, 4 ont tenté une grossesse spontanée : 3 enfants sains sont nés dont l’un était compatible. En 4 ans, 11 couples ont été pris en charge pour un double DPI. Pour 3 transferts réalisés sur 7, au moins l’un des embryons transférés était compatible. Ces 7 transferts embryonnaires ont mené à 3 grossesses, l’une n’a pas évoluée, la deuxième a donné naissance à un enfant qui n’est pas HLA compatible, la troisième a donné naissance au premier bébé du « double espoir ». Bien que limité à des indications très spécifiques, le double DPI continue d’interroger la société. « Des alternatives thérapeutiques, passant par l’amélioration des résultats des greffes de sang de cordon en situation non apparentée, ou la thérapie "génique" des cellules de la moelle des enfants malades seront peut-être une façon de guérir » les enfants atteints de graves maladies hématologiques et pour qui cette pratique a été envisagée. En attendant, elle reste une voie humaniste.

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8970