Aux Etats-Unis, la transparence ne s'arrête jamais. Après le Sunshine Act, qui obligeait l’industrie pharmaceutique à rendre publics tous les paiements effectués en faveur de médecins, voici maintenant le Total Transparency Manifesto.
Il s’agit d’une initiative lancée par le Dr Leana Wen, urgentiste américaine et militante des droits des patients. Cette praticienne appelle ses confrères à dévoiler volontairement combien ils reçoivent de la part des laboratoires, mais aussi à divulguer la manière dont ils sont rémunérés, à expliquer leur philosophie du soin et même à faire état de leurs croyances personnelles. L’urgentiste a lancé à cet effet le site Who’s My Doctor, qui rassemble les déclarations publiques des médecins participants, dont celle du Dr Leana Wen.
On y apprend par exemple qu'elle tire environ la moitié de ses revenus de son salaire à l’hôpital, et l’autre moitié de ses activités de recherche. Elle est mariée, n’a pas d’enfants mais aimerait en avoir un jour. Elle pratique une activité physique au moins cinq fois par semaine. Il lui arrive de boire un verre de vin de temps en temps. Et son ambition est de « redessiner notre système de santé de manière à offrir des soins sûrs, efficaces et humains ».
Sur la page d’accueil du site Who’s my doctor, elle explique les raisons de son initiative : « Quand les patients viennent nous voir, ils ont besoin d’aide. Ils ont peur ; ils sont vulnérables ; ils souffrent. Les patients doivent être sûrs que les médecins ont leurs intérêts à cœur. Ils doivent savoir qui est leur médecin. »
Humaniser le médecin
Jointe par « le Quotidien », le Dr Wen déclare que le plus important pour elle est d’améliorer la relation avec le patient. Plus cette relation sera transparente, plus la confiance sera grande. À l’hôpital, elle explique par exemple qu’il y a une grande différence entre un médecin salarié ou un médecin payé à l’acte, qui gagne de l’argent à chaque fois qu’une procédure ou un test est effectué dans son service. Or le patient ne sait pas toujours dans quelle catégorie se trouve le praticien qu’il consulte.
Mais le Dr Wen va plus loin. Elle pense aussi qu’un médecin qui divulgue ses croyances personnelles s’humanise aux yeux du patient. D’après elle, celui-ci se sentira mieux s’il sait ce que son médecin pense : est-il « pro-life » ? « Pro-choice » ? Est-il à l’aise avec les personnes homosexuelles ou transgenres ? La prévention tient-elle une place importante dans sa pratique ?
Pour l’heure, seulement trente-trois Américains se sont mis à nu sur Who’s my doctor. Mais le Dr Wen assure que plus de trois cents de ses confrères ont signé son manifeste pour la transparence, et que beaucoup d’autres déclarations de médecins sont en attente. Elle n’a pas encore eu le temps de les mettre en forme et de les publier.
Peu de risques de contagion en France
Que pense-t-on de tout cela sur notre rive de l’Atlantique ? Côté patients, on considère que la France est encore loin des préoccupations américaines en matière de transparence. Marc Paris, responsable de la communication au CISS, a expliqué au « Quotidien » que les besoins hexagonaux portent d’après lui sur des aspects bien plus élémentaires : tarifs (notamment dans les cliniques privées), formation continue (notamment chez les praticiens libéraux)...
Avant de se préoccuper des croyances personnelles des médecins, il faudrait notamment pouvoir connaître leur parcours : la seule information disponible actuellement est le lieu où ils ont effectué leur internat, qui est inscrit sur leur plaque...
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