Aux commandes de son laser Holep qui lui permet de traiter, par chirurgie mini-invasive, les patients souffrant d’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), le Dr Jérémie Gallon pourrait être pris pour un médecin hyperspécialisé, l’un de ceux qui ne vivent que pour l’amélioration de la prise en charge de la pathologie à laquelle ils ont décidé de consacrer leur vie. Il n’en est rien. Car bien qu’il apprécie à sa juste valeur la possibilité qui lui est offerte de s’investir pleinement dans le traitement de l’HBP, ce jeune chirurgien, qui entame la troisième et dernière année de son clinicat à l’hôpital Saint-Louis de l’Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP-HP), considère que l’une des principales vertus de sa discipline est la diversité des types d’exercice qu’elle permet.
L’urologie ne s’est pourtant pas immédiatement imposée à Jérémie. Si la médecine a très tôt été pour lui une évidence (« je ne voyais pas ce que je pouvais faire d’autre », se souvient-il), il a tout d’abord été attiré par des spécialités médicales. « Initialement, je me projetais plutôt en cardiologie, ou en gastro-entérologie », explique celui qui a fait ses études médicales à Rennes. Mais la succession des stages d’externat en a décidé autrement. Même s’il admet que sa première journée au bloc « n’a pas été un coup de cœur », et qu’il en a « même fait un cauchemar le soir », il a vite changé d’avis, se rendant compte qu’il aimait tout particulièrement « le côté technique de la prise en charge chirurgicale et la singularité de la relation du chirurgien avec le patient ».
Cocher les cases
L’ECN en poche, le Breton se dirige donc vers Paris, « avec l’idée de faire de la chirurgie digestive ». C’est d’ailleurs dans un service de chirurgie digestive que se déroule son premier stage d’internat. Pour le deuxième, il choisit l’urologie à la Pitié. « C’est une spécialité que je ne connaissais pas en tant qu’externe en dehors de ce que j’en avais lu dans les livres, avoue-t-il. Et j’ai rapidement réalisé qu’elle cochait à mes yeux toutes les cases. » Et quand on lui demande de lister les cases en question, Jérémie devient intarissable. « Il y a d’abord son côté médico-chirurgical, attaque-t-il. On gère à la fois le diagnostic, le traitement, le suivi… ». Mais ce n’est pas tout. Le chef de clinique apprécie aussi le tropisme technologique de la spécialité, ainsi que son caractère relativement efficace. « C’est une spécialité où l’on obtient des résultats, où l’on arrive le plus souvent à guérir nos patients », souligne le jeune chirurgien.
L’urologie l’a aussi séduit pour son « côté très divers ». Un aspect d’ailleurs « souvent méconnu quand on est externe, où l’urologie se réduit à quelques items de l’ECN », estime-t-il, alors qu'elle permet de pratiquer différentes formes de chirurgie (« de la petite, de la grande, du laser, du robot… », énumère-t-il), mais aussi de toucher à divers organes (appareil génital, vessie, rein…). Jérémie apprécie tout particulièrement la possibilité qui lui est offerte de se surspécialiser dans la prise en charge de l’HBP tout en conservant une forme d’activité générale. « Nos consultations restent du tout-venant », rappelle-t-il, ce qui lui permet à la fois de « faire un peu de tout » et d’affiner sa maîtrise du laser Holep.
Portes de sortie
Mais ce n’est pas tout. Car étant donnée la situation dans laquelle se trouve actuellement l’hôpital public, Jérémie Gallon estime indispensable de se ménager des portes de sortie… portes que l’urologie est justement en mesure de lui offrir. « L’urologie est une spécialité où si l’on s’installe dans le privé, on peut avoir quasiment la même activité que dans le public, en dehors peut-être de la transplantation », note-t-il. Or il se trouve que le jeune urologue, bien qu’il adore le service de l’hôpital Saint-Louis où il travaille actuellement, a du mal à envisager de passer toute une carrière dans un tel environnement.
« Quand l’hôpital va mal, le chirurgien va très mal, résume-t-il. Pour qu’un malade arrive au bloc, il faut qu’une vingtaine de corps de métiers, de l’infirmier au brancardier, de l’aide-soignant au secrétaire, interviennent avant nous. Nous sommes donc extrêmement dépendants de beaucoup de choses, et quand le système se grippe, le quotidien devient très compliqué pour nous. » Et le moins que l’on puisse dire est qu’actuellement, le système lui semble plutôt grippé. « L’hôpital va de plus en plus mal, et beaucoup de gens autour de moi songent à partir », se désole-t-il.
Pour sa part, la voie est d’ailleurs assez balisée. « Il se trouve que j’ai eu l’occasion de faire des remplacements en clinique, et que j’ai remarqué que les choses y tournaient mieux, explique l’urologue. Le plateau technique est équivalent à ce qu’on trouve à l’hôpital, l’intérêt intellectuel est le même… » Et il sait déjà qu’à la fin de son internat, il s’installera dans le privé. « Ce n’est pas encore signé, mais c’est tracé », élude-t-il quand on lui demande quelques précisions.
Exergue : « C’est une spécialité où l’on obtient des résultats, où l’on arrive le plus souvent à guérir nos patients »
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