La stratégie du gouvernement en matière d’approvisionnement en médicaments essentiels n’est décidément pas du goût du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARe). « L’un des enseignements de la crise sanitaire est que la France n’est plus une nation indépendante pour son système de santé », juge l’organisation.
Faisant le constat, d’abord d’un échec dans l’approvisionnement en masques au début de la crise, puis de l’incapacité « au pays de Pasteur » de développer un vaccin tricolore, avant de dénoncer les « menaces régulières sur l’approvisionnement de molécules essentielles (dont les médicaments d’anesthésie et de réanimation) », le syndicat propose, comme certaines associations d’usagers, plusieurs pistes radicales pour faire face à la crise sanitaire et aux drames qu’elle engendre.
À l’instar du Conseil économique, social et environnemental (CESE), le SNPHARe suggère le recours aux « licences d’office » afin de déroger aux droits de la propriété intellectuelle et forcer les industries pharmaceutiques à produire médicaments et vaccins nécessaires en temps de crise. Cette licence d’office permettrait notamment à des laboratoires concurrents d’exploiter les brevets de vaccin contre le Covid-19 qu’ils n’ont pas développés.
Relocalisation
L’organisation de PH exhorte aussi le « plus haut sommet de l’État » à prendre des décisions afin de « réquisitionner » les lieux de production.
Le SNPHARe préconise ainsi la création d’un véritable pôle public du médicament, autonome, chargé de veiller à l'« indépendance pharmaceutique » de la France. Il aurait pour mission de « de faire fabriquer, en cas de crise, les médicaments essentiels (qu’ils soient déjà génériques ou temporairement produits sous licence d’office) ». Une proposition similaire avait été faite par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) dans un avis rendu en novembre dernier.
Dans une vision de plus long terme, le SNPHARe incite le gouvernement à « relocaliser sur notre territoire un complexe industriel pharmaceutique permettant une production nationale autosuffisante ». Son réquisitoire vise la campagne de vaccination, pourtant « seule issue de la crise Covid ». « L’insuffisance de doses de vaccin, associée à des mesures frileuses de confinement, est à l’origine de la contamination de nos concitoyens et de la pérennisation de la crise sanitaire : 300 vies en moyenne sacrifiées chaque jour, sans compter les effets collatéraux », accuse le syndicat de praticiens hospitaliers.
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