SOUS INFLUENCE ? Le collège d’experts jure au contraire qu’il agit en toute indépendance. « On est obligé de se baser sur des faits scientifiquement prouvés, pas sur des on-dit », déclare le Pr Jean-Jacques Blanc. Ce cardiologue (CHU de Brest) est l’un des sept experts titulaires à siéger au sein du collège mis sur pied en 2011 par Xavier Bertrand.
L’instance est présidée par un magistrat, Roger Beauvois. « Lors de nos délibérations, chacun donne son avis sans être le mandataire de tel groupe », dit-il. Ce recadrage vise à faire taire les critiques. Sur les 7 734 demandes d’indemnisation déposées, 836 ont fait l’objet d’un avis, dont 64 seulement sont positifs : 2 pour une HTAp (dont un décès), et 62 pour une valvulopathie.
Âge moyen de ces 64 patients à indemniser (11 hommes et 53 femmes) : 61 ans. Les valvulopathies imputées au benfluorex sont majoritairement de bas grade. Une dizaine d’entre elles, sévères (grade 3 et 4), ont nécessité une intervention chirurgicale.
Grande variété des situations.
Étonnés, les experts l’ont été au vu de l’hétérogénéité des dossiers reçus. Des patients n’ayant ni atteinte cardiaque, ni HTAp, mais un cancer, une maladie pulmonaire, voire pas de pathologie du tout, ont écrit à l’ONIAM (Office national d’indemnisation des accidents médicaux). Mal conseillés, assurément. Ce ne sont pas sur ces avis de rejet que pèse le soupçon, mais sur ceux relatifs à une valvulopathie.
Le collège d’experts a rejeté 339 dossiers de maladies valvulaires, ayant trouvé une autre cause que le benfluorex pour expliquer l’affection. Soixante-sept autres dossiers de fuite isolée de bas grade ont été rejetés : aucune autre cause n’a pu être identifiée, mais le préjudice n’a pu être imputé de manière certaine au benfluorex.
Le doute devrait bénéficier aux victimes, clament les associations. La rigueur scientifique doit primer sur l’émotion, rétorque le collège d’experts, qui, dans le guide méthodologique qu’il rend public, expose comment il évalue l’imputabilité des valvulopathies.
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