Les réseaux criminels de faux médicaments brassent un « chiffre d’affaires » annuel de 55 milliards d’euros selon le site Internet américain CMPI (Center for medicine in the public interest).
Ce trafic procure de juteux revenus : selon l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM), 1 000 euros investis dans le trafic d’héroïne ou de fausse monnaie rapporteraient 20 000 euros, alors que la même somme investie dans la contrefaçon et la vente de faux médicaments rapporterait jusqu’à 450 000 euros.
Risque limité
La législation française, une des plus sévères au monde en la matière, ne prévoit « que » 7 ans de prison au maximum, assortis de 750 000 euros. En comparaison, le trafic de fausse monnaie est puni de la prison à perpétuité.
La rentabilité de ce marché et les risques relatifs encourus attirent un nombre croissant de trafiquants de tout poil, détaille l’IRACM dans une étude dévoilée ce mercredi. S’y côtoient « grand banditisme, réseaux transnationaux, mais aussi opportunistes en col blanc », précise l’étude.
Parfois, ce sont de simples « individus isolés et opportunistes » qui importent des médicaments contrefaits et les revendent sur la Toile à des prix attractifs. Ils profitent, selon l’étude, d’« outils informatiques puissants facilement accessibles à un internaute anonyme ».
L’IRACM cite le cas d’un Britannique de 42 ans, arrêté à l’aéroport de Coventry avec des dizaines de milliers de contrefaçons de médicaments contre les troubles de l’érection. L’enquête montrera qu’il avait planifié de les vendre sur Internet. Il a écopé d’un an de prison.
Brouiller les pistes
L’organisation est parfois plus élaborée, comme en témoigne « l’affaire Peter Gillespie ». Cet autre Britannique, expert-comptable et distributeur pharmaceutique, a importé plus de deux millions de doses de médicaments contrefaits, contre le cancer de la prostate, la schizophrénie et les affections cardio-vasculaires.
Les doses, achetées en Chine, transitaient par plusieurs pays pour brouiller les pistes, étaient reconditionnées en Belgique comme des médicaments français, et vendus ensuite dans le réseau pharmaceutique, comme l’autorise le système du commerce parallèle.
Parfois, des pharmacies en ligne offrant toutes les apparences de la respectabilité sombrent dans le grand banditisme, comme dans le cas de RxNorth.com. Connu comme un site fiable proposant aux internautes américains mal assurés des médicaments moins chers parce que provenant du Canada, RxNorth écoulait en fait, sous le contrôle de son P-DG, de grandes quantités de médicaments contrefaits. Ceux-ci venaient non pas du Canada, mais de Chine.
Face à cette prolifération, l’IRACM invite les internautes à se montrer méfiants, à ne pas acheter de médicaments sur des sites proposant des spécialités à prescription obligatoire, et à s’assurer auprès de l’Ordre des pharmaciens que le site en ligne sur lequel ils s’apprêtent à acheter est bien autorisé à le faire.
Le ministère de la Santé a lancé cette semaine une campagne d’information sur la vente en ligne afin de combattre lui aussi la contrefaçon médicamenteuse.
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