L'autorisation du cannabis thérapeutique et son encadrement ne figurent pas dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Entendu en audition par la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun s'en est expliqué : « Les résultats sont insuffisants en termes de patients pour l'instant, pour avoir des résultats qui sont solides, donc nous allons prolonger l'expérimentation. » Originellement, l'étude devait inclure son dernier patient en décembre 2022. L'annonce du ministre remet cette date en question.
L'expérimentation du cannabis thérapeutique organisée par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a débuté en France en mars 2021, après près de deux ans de travaux et d'auditions du comité scientifique spécialisé temporaire.
Plus de 2 100 patients inclus
Selon le dernier compte rendu du comité scientifique permanent mixte « Pharmacovigilance et addictovigilance des médicaments à base de cannabis utilisés dans l’expérimentation » de l'ANSM publiée le 13 septembre dernier, 1 816 patients ont été inclus depuis le lancement (en date du 12 juillet), dont 1 243 patients étaient toujours inclus. Pour rappel, l'expérimentation doit pouvoir inclure jusqu'à 3 000 patients simultanément. D'après les retours obtenus par « Le Quotidien » auprès de responsables des centres de références impliqués dans l'étude, le principal frein au recrutement de nouveaux patients réside dans le manque de relais en médecine de ville pour assurer les consultations de suivi.
Les indications les plus représentées dans l'expérimentation sont les douleurs neuropathiques (648), suivis de la spasticité dans la sclérose en plaques (192), l’épilepsie (171), les situations palliatives (92), l’oncologie (85) et la spasticité des autres pathologies du système nerveux central (48). En tout, 1 374 professionnels de santé sont inscrits et formés dans le cadre de l’expérimentation, est-il noté dans le compte rendu.
Selon les derniers chiffres de l'ANSM, les inclusions se sont poursuivies, et l'expérimentation compte désormais plus de 2 100 patients dont environ 1 400 toujours inclus.
Aucun cas de dépendance rapporté
Concernant la pharmacovigilance et l'addictovigilance, les principales données disponibles à ce jour sont celles du registre de suivi ReCann, présentées par les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) et le centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) de Lyon. On dénombre 461 cas de pharmacovigilance, dont 30 cas graves, et 4 cas d’addictovigilance dont un grave. Plus de la moitié des incidents (56,7 %) sont survenus dans le premier mois de traitement ou dans le mois suivant une augmentation de posologie.
La pharmacovigilance met en évidence un profil dominé par des troubles neurologiques (373 dont 38 graves), des troubles digestifs (160 dont 12 graves) et des troubles psychiatriques (111 dont 22 graves). Peu d’événements indésirables sont rapportés avec du THC dominant. Aucun cas d’abus ou de dépendance n’a été rapporté.
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