« AU DÉBUT c’était chaud, mais maintenant ça va ». Alexandra Fabreguettes n’est pas le genre de pharmacienne à mâcher ses mots, surtout quand elle parle des innovations dans son travail. Depuis sept ans, la dynamique chef de la pharmacie à usage interne (PUI) du centre hospitalier intercommunal (CHI) Robert Ballanger, à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, participe à la mise en place d’un système innovant de distribution sécurisée de la pharmacopée.
Un brin vieillot, l’hôpital doté de 640 lits, dessert un bassin de vie de 400 000 habitants sur cinq communes jugées difficiles, sujettes à un taux de chômage élevé : Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil, Tremblay-en-France, Sevran et Villepinte. Au sous-sol, sept pharmaciens et douze préparateurs s’activent dans les différents services de la PUI, en particulier dans la zone de stockage de 105 m2 où 1 800 médicaments attendent d’être dispatchés.
Fini le papier-crayon.
« Moderniser notre système de distribution du médicament permet d’apporter une sécurité maximale au patient et ainsi éviter les erreurs humaines », explique Alexandra Fabreguettes. De la prescription à l’administration, la pharmacovigilance oblige les acteurs hospitaliers impliqués dans le circuit à rendre compte de leurs identités et de leurs actes, afin de garantir une traçabilité optimale.
Fini le papier-crayon : les prescriptions du médecin sont informatisées et envoyées à la PUI, où un pharmacien se charge de la validation. L’hôpital a choisi de sécuriser l’étape de la distribution journalière individuelle nominative (DJIN) le plus possible, en plaçant dans chaque service une armoire à pharmacie robotisée, nommée Pyxis. Impossible de faire un double des clés, son ouverture se fait par… empreinte digitale. « Pour l’instant, 27 armoires, connectées au serveur centralisé de la PUI, sont réparties dans les pôles médecine, psychiatrie et au centre anti-crise, soit 45 % de l’hôpital », explique Arezki Oufella. Le pharmacien espère étendre l’informatisation du circuit à la totalité des services avant la fin 2012. Cet outil, pour lequel Robert Ballanger a investi 1,2 million d’euros entre 2004 et 2007, existe dans une quinzaine d’établissements hospitaliers français.
Forteresse.
Une à deux fois par semaine, deux préparateurs montent jusqu’aux différents services un grand chariot de médicaments et dispositifs médicaux afin de réapprovisionner les armoires. « Ce travail se fait à deux par chariot pour plus de sécurité », précise Alexandra Fabreguettes, qui reconnaît que cette étape du circuit en est « le maillon faible ». Seuls les préparateurs, infirmiers, pharmaciens et dans une moindre mesure les médecins de l’hôpital peuvent recharger les armoires. « Pas les aides soignantes, ça évite les glissements de tâches », se félicite Alexandra Fabreguettes.
L’armoire du service de cardiologie ressemble à une forteresse. Pour espérer pouvoir administrer le traitement au patient, il faut s’identifier à l’aide de l’empreinte digitale, puis entrer le nom du patient. L’ordonnance apparaît sur l’écran, sans ouvrir les tiroirs pour autant. La chose est rendue possible en cliquant sur l’un des médicaments prescrits : s’ouvre alors un seul casier contenant une dose unique. La manœuvre doit être répétée pour chaque molécule. Un calvaire pour des praticiens débordés ? Pas vraiment. Selon une enquête interne, 79 % des préparateurs et 78 % des infirmiers se disent satisfaits du système.
Dès lors, ces derniers peuvent remplir le chariot-patient, lui aussi informatisé : sur l’écran, le plan d’administration des médicaments indique par des voyants verts et rouges qui a reçu quoi. Au pied du lit du patient, la traditionnelle – archaïque ? – feuille de soins garde elle aussi la trace du passage de l’infirmier, dernière étape du circuit du médicament. Plus pour longtemps, explique Frédérique Frémont, cadre administratif du pôle médico-technique : « Bientôt, la totalité de la chaîne du médicament sera inscrite dans le dossier médical personnel (DMP) du patient. L’objectif zéro papier pour 2014 est d’ores et déjà lancé ».
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