Alors que la suppression de la vignette pharmaceutique est prévue (après plusieurs reports) pour l’été prochain, le gouvernement a achevé la rédaction de projets de décret et d’arrêté qui instituent l’obligation de faire figurer sur les boîtes de médicaments et sur les notices (pour chaque indication) la mention du niveau de service médical rendu (SMR) des spécialités pharamaceutiques remboursables.
Selon ces deux textes que « le Quotidien » a pu se procurer, un pictogramme (sous forme de cercle divisé en autant de sections que le médicament comporte d’indications) devra être apposé sur chaque boîte.
À chaque niveau de SMR correspondra une couleur. Noire pour un SMR insuffisant, rouge pour un faible, bleu pour un modéré et vert pour un SMR important. La notice devra reprendre, en toutes lettres, ces mêmes informations et mentionner l’adresse internet de la base de données publique des médicaments.
Ce projet remonte à septembre 2013. Un document ministériel confidentiel préconisait alors, dans un souci de transparence, de profiter de la disparition programmée de la vignette pour faire figurer à sa place le SMR obtenu par le médicament. Ces dispositions sont dictées, selon le ministère de la Santé, par la volonté de « renforcer l’accès du patient à des données fiables, scientifiques et indépendantes ». Ces textes sont en concertation jusqu’au 14 mars avec les premiers intéressés, laboratoires et officinaux.
Risque de confusion
Les industriels ne font pas mystère de leur désapprobation. Patrick Errard, président du LEEM (Les Entreprises du Médicament), se dit certes favorable « à tout ce qui améliore la transparence » ; mais ce projet, à ses yeux, ne va pas dans cette direction. Le SMR, insiste-t-il, correspond à plusieurs critères dont la gravité de la pathologie. Il prend l’exemple d’un patient souffrant de brûlures épigastriques bénignes. Son médecin lui prescrit des pansements gastriques efficaces, « mais qui disposeront d’un SMR faible, voire insuffisant ». La réforme risque d’entretenir la confusion chez le patient qui pourrait juger, à la lecture du pictogramme, que « ce médicament ne sert à rien ». Patrick Errard juge qu’il serait plus « astucieux » d’expliquer dans la notice pourquoi le médicament a obtenu tel ou tel SMR.
À l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), on est encore plus sévère. « Le SMR est illisible pour le patient et aura un effet délétère sur ses relations avec le médecin », redoute le président Gilles Bonnefond. Il estime même que « l’objectif non avoué de la mesure est d’inciter les patients à refuser les médicaments ». Et jugerait plus intéressant de parler de mésusage ou de précautions d’emploi.
MG France, à l’inverse, salue l’insertion du niveau de SMR sur les boîtes. Son président, le Dr Claude Leicher, parie que ce dispositif fera émerger des demandes d’explications et ouvrira un dialogue utile entre le prescripteur, le délivreur et le patient.
Au Collectif interassociatif sur la santé (CISS, usagers), on reste « réservé » sur le projet. « Les médicaments avec un SMR faible peuvent avoir un rapport efficacité/risques excellent et être nécessaires au patient, qui risque de comprendre la graduation du SMR comme une qualification de l’efficacité des médicaments ». S’il était publié, ce décret prendrait effet au 1er juillet.
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