Mediator, taxes, visite médicale

Le LEEM contre-attaque

Publié le 22/09/2011
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Crédit photo : AFP

ALORS QUE les nuages s’amoncellent dans le ciel de l’industrie pharmaceutique depuis l’éclatement de l’affaire Mediator, le président du LEEM (Les Entreprises du Médicament) a balayé les principaux sujets d’actualité, à l’invitation du « Café Nile », à Paris. Christian Lajoux a profité de l’occasion pour se démarquer nettement des Laboratoires Servier, et répondre aux accusations d’ambiguïté dont le LEEM a parfois fait l’objet. « Dès le 18 novembre 2010, a-t-il martelé, le LEEM a pris ses distances avec Servier, dans l’attente du rapport de l’IGAS. Nous condamnions déjà les méthodes de communication de Servier. Le 18 janvier, a-t-il poursuivi (soit trois jours après la parution du premier rapport de l’IGAS), le conseil d’administration du LEEM, à l’unanimité moins deux voix, a décidé de suspendre Servier de ses instances. Le LEEM n’a donc pas été ambigu. »

Le patron du LEEM est ensuite revenu sur les dispositions du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) 2012 et du projet de loi de Xavier Bertrand sur la sécurité sanitaire du médicament, deux textes qui doivent être prochainement examinés par le parlement. « Nous n’avons pas d’objection majeure vis-à-vis de tout ce qui relève de la sécurité sanitaire », a-t-il assuré, rappelant que le LEEM a proposé la transposition en droit français du Sunshine Act américain, qui régit les déclarations de liens d’intérêt. Christian Lajoux a rappelé que le LEEM venait de mettre en place un comité de « déontovigilance », le Codeem, qui sera chargé selon lui de « définir et accompagner les comportements de bonne pratique ». Ce comité sera doté de pouvoirs disciplinaires à l’égard des industriels qui se situeraient « hors des bonnes pratiques ».

Contexte fiscal changeant.

Le patron du LEEM s’est montré offensif sur le dossier de la VM. « Où la réforme de la visite médicale trouve-t-elle sa légitimité ? », s’est-il interrogé, jugeant que le dispositif envisagé (contrôle accru de la VM en ville, interdiction de la VM individuelle à l’hôpital) était le signe d’une « défiance » des autorités, tant envers les visiteurs médicaux qu’envers les médecins. « Jusqu’à preuve du contraire, a-t-il insisté, la charte de la visite médicale [signée en 2004] existe. C’est un contrat entre les industriels et l’État qui évolue par amendements. Nous demandons que la loi prévoie l’évolution de la VM dans le cadre de cette charte. » Énigmatique, Christian Lajoux a ajouté : « la bataille n’est pas perdue, il suffit d’un amendement et nous n’en sommes peut-être pas loin ».

Le patron du LEEM a évoqué enfin les nouvelles contributions envisagées au détriment des industries de santé (taxe spéciale, financement du DPC...) estimant qu’elles étaient le signe d’une « rupture de confiance » : « Qui va investir en France dans un contexte si changeant, et y a-t-il toujours une concertation entre les industriels et les pouvoirs publics ? », s’est-il demandé, jugeant que « les banques sont moins maltraitées que les industries de santé ».

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9009