Intitulée « Observatoire sociétal du médicament », une vaste enquête TNS Sofres (1) réalisée pour le compte du syndicat de l’industrie pharmaceutique (LEEM), et qui sera renouvelée chaque année, permet de mesurer le rapport de l’opinion publique aux médicaments dans une période marquée par le scandale du Mediator.
• Cote de confiance élevée mais variable
Mesurée en pleine tourmente Mediator, la confiance dans les médicaments se révèle solide. Tous produits confondus, 82 % des Français font « plutôt » ou « tout à fait » confiance, indice qui grimpe à 92 % pour les antalgiques, 88 % pour les antibiotiques et 86 % pour les vaccins. Le taux de confiance s’érode pour l’homéopathie (64 %) et la phytothérapie (63 %) et chute à 45 % pour les compléments alimentaires. Plusieurs facteurs augmentent la confiance : les médicaments sur ordonnance sont jugés particulièrement fiables (94 %), ainsi que les médicaments « remboursés » (93 %), la confiance étant plus faible pour les produits d’automédication (69 %). Ce niveau de confiance est une « excellente surprise dans la situation actuelle », note Christian Lajoux, patron du Leem pour qui « le lien n’est pas rompu entre les Français et le médicament même s’ils ne s’en laissent pas conter ». Ces résultats ont de quoi surprendre alors qu’un récent sondage (du même institut !), pour la Mutualité Française, semblait traduire…une inquiétude profonde. Plus de trois Français sur quatre (77 %) estimaient que le Médiator n’est pas un cas « exceptionnel et limité à ce médicament », mais bien une « défaillance globale du système » mettant en doute la sécurité des médicaments. La formulation de la question (liée directement au Mediator) explique cette contradiction apparente, précise TNS Sofres.
• Consommation : « c’est pas moi, c’est les autres »
Les Français ne sont pas à l’abri de jugements paradoxaux. S’ils considèrent à 91 % qu’on consomme trop de médicaments, seulement 16 % estiment…qu’eux-mêmes en font un usage excessif.Néanmoins, 42 % des personnes interrogées disent prendre des médicaments tous les jours.
Face à la maladie, quel est le réflexe des Français ? Un quart (26 %) consulte tout de suite un médecin et 5 % un pharmacien. Ce qui laisse une large part à la méthode Coué (42 % attendent de voir l’évolution de leur état, 8 % ne font rien) mais aussi au recours à l’armoire à pharmacie (18 %). Une armoire bien garnie puisque 75 % des Français achètent (souvent ou parfois) des médicaments sans ordonnance, principalement pour une toux, un rhume, une migraine ou des douleurs.
• Information : le bât blesse
Quelles sont les sources fiables d’information sur les médicaments prescrits ? Les Français classent largement en tête les médecins (82 %) et les pharmaciens (57 %) devant les proches (8 %), l’entourage (7 %), les médias (7 %) et internet (6 %). Néanmoins, les Français n’épargnent pas le corps médical. 40 % d’entre eux jugent que l’information donnée par les médecins est insuffisante. « La prescription n’est pas synonyme d’information », explique Laurence Bedeau. Malgré les reproches, la légitimité de la prescription médicale n’est pas contestée. Ainsi, trois quarts des Français n’ont jamais décidé de ne pas prendre un médicament prescrit après avoir lu la notice.
• Industriels : peuvent mieux faire
Si les Français reconnaissent aux laboratoires un rôle d’acteurs économiques internationaux et une place déterminante dans la découverte des traitements, ils ne les ménagent pas. Ainsi 80 % des personnes interrogées estiment que les industriels communiquent mal sur leur activité et leur rôle. Ils sont le même pourcentage (80 %) à penser que ces entreprises sont plus soucieuses de leurs bénéfices que des malades.
(1) Échantillon national de 2023 personnes (méthode des quotas). Interrogation en face-à-face au domicile en deux vagues : 28 et 31 janvier et 9 et 10 février 2011.
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