D’après un sondage mené auprès de jeunes médecins homéopathes ayant moins de 15 ans d’exercice, 52 % d’entre eux n’indiquent la mention « homéopathe » ni sur leur plaque, ni sur leurs ordonnances ; et seulement 21 % l’affichent sur les deux.
De fait, depuis 2018 et les débats houleux sur l'efficacité de l’homéopathie, y compris au sein de la profession, 30 % des jeunes médecins homéopathes libéraux sondés estiment que la visibilité de leur expertise en homéopathie est devenue « difficile à assumer ». Lors des assises* du médecin homéopathe, le 10 mars, certains praticiens concernés ont déploré « le diktat de l’evidence-based medicine », la non-reconnaissance de l'homéopathie dans les facultés de médecine, la « sous-estimation » des bienfaits des granules, voire les moqueries ou le « bashing » dont ils sont l'objet.
La Dr Aurélie Abalain, généraliste installée à Brest depuis 12 ans, a toujours eu recours à l'homéopathie… à titre personnel. « Pour moi, c’était donc naturel de l'utiliser. J’avais un médecin homéopathe avec qui je me suis installée. Je me sers de l'homéopathie en traitement aigu et en traitement de fond, l’essence même de l’homéopathie est de traiter la globalité », justifie-t-elle. Sur sa plaque, elle n’a pas écrit « médecin homéopathe » mais elle indique « thérapeutique homéopathique ». Et elle constate que « depuis le déremboursement, les patients qui doivent payer et ceux qui ne sont pas ouverts à l’homéopathie sont plus difficiles à amener vers cette pratique… ».
Quelques mois d'incertitude
De son côté, la Dr Émilie Colpart s’est installée il y a un an comme médecin généraliste homéopathe en région parisienne, à Suresnes. Elle n’a donc pas connu la période avant le déremboursement intégral de l'homéopathie mais relativise les crispations. « Le coût des traitements est réduit, donc cela ne pose pas trop de problèmes à mes patients. J'essaie d'utiliser l'homéopathie, même avec des patients qui n'y sont pas ouverts. C’est rare qu’on me dise non », assure-t-elle.
La Dr Christèle Dubosq s'est installée en 2016 en remplacement d’un médecin homéopathe dans la région de Caen, « ce qui m’a permis d’avoir une patientèle sensibilisée à l’homéopathie », apprécie-t-elle. Elle constate toutefois une évolution des mentalités depuis un an. « L'année du déremboursement, il y a eu quelques mois d’incertitude par rapport à mon projet. Beaucoup de médecins partent en retraite et beaucoup moins proposent de l’homéopathie ».
Dans ce nouveau contexte, certains médecins confient qu'ils peinent à se projeter facilement dans l'exercice de l'homéopathie. « J’ai l’impression qu’il y a un trou dans les générations d'homéopathes entre les médecins de 40 ans et ceux qui ont la soixantaine, explique la Dr Aurélie Abalain. Nous aurions aimé avoir des compagnons avec un peu plus d’expérience qui nous aident ». Et de souligner aussi la difficulté de mobiliser les très jeunes confrères. « Je suis maître de stage à la fac et c’est compliqué de mettre en avant sa pratique de l’homéopathie », insiste-t-elle. Une de ses consœurs craint de tendre « vers les pratiques du monde anglo-saxon où l’homéopathie et la médecine sont séparées ».
*À l'initiative du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF)
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