« Dès les premières auditions de la mission d’information sur le Mediator mise en place par l’Assemblée nationale, je me suis convaincu d’écrire ce livre tant son président et ses différents membres me semblaient s’être déjà faits leur opinion. »
Dans son dernier ouvrage (*), le Pr Jean Bardet, cardiologue, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique, ancien député UMP, et membre de cette mission d’information de l’Assemblée sur le Mediator, fait part de ses doutes face à l’emballement politique et médiatique qu’a connu cette affaire. Et tire à boulets rouges sur bon nombre des acteurs de ce dossier.
Parodie de mission parlementaire
Cette mission parlementaire ne trouve pas grâce aux yeux de l’auteur, qui la juge trop « peu dérangeante » à son goût. Son rapporteur, le député UMP Jean-Pierre Door, y est qualifié de « sympathique et consensuel », mais « la vérité oblige à dire que son rapport final ne va pas résumer les travaux de la mission ». Il écrit même que « dès que l’on voulait essayer de comprendre l’affaire Mediator, on se faisait accuser de collusion avec Servier ». L’auteur prend pourtant soin de préciser qu’il n’a aucun lien d’intérêt avec ce laboratoire, ni avec aucun autre.
Plaidoyer à charge
Le rapport de l’IGAS est qualifié de « plaidoyer uniquement à charge contre les laboratoires Servier ». Jean Bardet regrette notamment « l’occultation des éléments à décharge sur la nature de la molécule » (le benfluorex). Il rappelle que les auteurs ont été « dans l’incapacité complète d’évaluer le nombre de décès causés par le Mediator ».
La pneumologue Irène Frachon, à l’origine des premières révélations, en prend pour son grade. « En aucun cas le Dr Irène Frachon (auteure du livre « Mediator, combien de morts ? ») ne répond à la question » du titre de son ouvrage, regrette Jean Bardet. Il n’est pas tendre avec sa consœur : « plus j’avance dans la lecture de son livre, plus je suis stupéfait par le très faible niveau de fiabilité médicale et d’exigence de Mme Frachon, et par le manque de précisions des données ».
Combien de morts ?
Cette question du nombre de morts revient à plusieurs reprises. « À partir de 64 cas recensés par la CNAM, écrit-il, Catherine Hill a extrapolé et est parvenue à 500 décès. D’autres ont surenchéri à 1 000, voire 2 000 ». Il rappelle que les statisticiens assurent que cette étude de la CNAM ne permet pas de calculer le nombre total de décès par valvulopathie attribuables au Mediator.
Le ton est le même tout au long de son livre. Le Pr Jean Bardet ne cherche pas à exonérer le Mediator de ses victimes, ni Servier de ses responsabilités, mais il veut savoir combien de bataillons forment les victimes. Pour lui, cette affaire est aussi celle d’un emballement médiatique sans précédent, et d’un coupable désigné avant même que le procès, programmé pour le premier semestre 2015, ait eu lieu.
(*) : L’affaire Mediator, un devoir de vérité, Ed. Questions d’actu
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