La cérémonie de remise des prix décernés chaque année par la revue Prescrire à l’industrie pharmaceutique a été l’occasion de souligner les progrès qu’il reste à faire en matière d’innovation thérapeutique et de pharmacovigilance.
Pas de « Pilule d’or » attribuée en 2014 par la revue Prescrire. Une vacance au plus haut niveau de ce palmarès qui se prolonge depuis 2008 et qui, pour Bruno Toussaint, directeur de la rédaction, est révélatrice d’un déficit en matière de recherche : « Le système d’innovation thérapeutique est en panne et il faudra des années pour qu’un autre système puisse se mettre en place. »
Si aucun médicament constituant « un progrès thérapeutique décisif dans un domaine où patients et soignants étaient totalement démunis » n’a été récompensé, le « tableau d’honneur » décerné au(x) médicament(s) démontrant « un progrès net pour certains patients » est également resté vierge pour la troisième année consécutive. Seul le Nimenrix, vaccin méningococcique conjugué de la firme GSK a été distingué par une « citation au palmarès » pour sa contribution à l’amélioration de la prise en charge des patients.
Peu d’innovation, mais quelques améliorations
Côté conditionnement, Prescrire remarque « quelques améliorations en 2013 » et attribue sa « Palme » à trois médicaments (BCG-Medac de Medac, Suboxone et Subutex de Reckitt benckiser) apportant, pour le premier, une réduction des risques de contamination et, pour les deux autres, une protection contre le risque d’ingestion accidentelle par les enfants. En revanche, 33 spécialités ont hérité d’un « carton jaune » ou d’un « carton rouge » en raison de « conditionnements problématiques, voire dangereux ».
Un exercice 2013 qui constitue donc pour la revue « une année de plus sans progrès important apporté par de nouveaux médicaments ou par de nouvelles indications autorisées ». Mais, selon B. Toussaint, « il y a déjà beaucoup à faire pour mieux soigner sans attendre de médicaments miracles ».
Il s’agit notamment de « mieux choisir et parfois choisir d’écarter un médicament pour mieux soigner ». Une réflexion qui fait directement écho à la liste mise à jour cette année de 68 médicaments pour lesquels Prescrire considère que « la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques pour lesquels ils sont autorisés ».
Renforcer la pharmacovigilance
En exergue de la manifestation, des victimes de médicaments ou leurs représentants au sein d’associations telles que la Française Amalyste (Association des malades des syndromes de Lyell et de Stevens-Johnson) ou la Britannique April (Adverse psychiatric reactions information link) ont par ailleurs souligné la difficulté de démontrer à la fois l’imputabilité scientifique et la défectuosité du médicament dans la survenue d’une réaction nocive. Un état de fait juridique que certains, comme le Dr Irène Frachon, voudraient voir basculer vers un cadre qui ferait « bénéficier du doute à la victime ».
Plus généralement, c’est le renforcement de la pharmacovigilance qui a fait débat dans l’assemblée, principalement autour du rôle que chacun des acteurs devait jouer dans cette démarche. Si le prescripteur a pu être considéré comme « le maillon faible » de cette chaîne, certains ont rappelé que les pharmaciens étaient les grands oubliés du processus en soulignant « leur inutilité » dans cette problématique « en l’absence de moyens d’action suffisants » pour contester une prescription jugée inadéquate.
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