Paludisme : des experts de l’OMS recommandent de grandes campagnes pilotes avec le vaccin GSK

Publié le 26/10/2015

Le groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) sur l’immunisation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pris la semaine dernière 2 décisions importantes : l’élargissement des essais du vaccin contre le paludisme Mosquirix en Afrique, et le retrait du poliovirus de type 2 de la composition du vaccin oral contre la poliomyélite. « Nous sommes parvenus à réduire de 50 % la mortalité liée au paludisme, mais nous ne finirons pas le travail avec nos outils actuels, il nous faut recourir un vaccin », a lancé le Pr Jon Abramson spécialiste en infection pédiatrique de l’école de médecine de l’université de Wake Forest (Caroline du Nord), et membre du groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) sur l’immunisation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les experts du SAGE ont donc décidé, en accord avec le comité consultatif pour les politiques relatives au paludisme (MPAC), de recommander l’élargissement des tests du vaccin Mosquirix (GlaxoSmithKline) qui a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne en juillet dernier.

Ce vaccin s’est montré efficace dans la prévention du premier ou du seul épisode clinique de paludisme chez 56 % des enfants âgés de 5 à 17 mois et chez 31 % des enfants âgés de 6 à 12 semaines. Selon le Pr Jon Abramson, l’efficacité du vaccin est acceptable, à condition de respecter un schéma de vaccination contraignant à 4 doses, avec une deuxième dose 5 à 6 mois plus tard, une troisième au bout de 9 mois et une dernière 18 mois plus tard avec un risque de non-venue des parents à ce dernier rendez-vous. C’est ce risque que les experts du SAGE cherchent à mesurer grâce à ces campagnes pilotes. « Chacune de ces campagnes nous permettra de vacciner environ 200 000 enfants, précise le Pr Abramson. Si nous sommes capables d’assurer la logistique et de convaincre les populations de venir aux 4 rendez-vous, alors nous pourrons recommander un déploiement à grande échelle. » Cette recommandation doit encore être validée par l’OMS. Le programme devrait s’étaler sur 3 à 5 ans avec un plan de financement attendu pour avril 2016. L’autre enjeu de ces tests sera de vérifier l’existence ou non d’un surrisque d’infections bactériennes, et surtout de méningites, retrouvé dans certains essais. « Nous avons les moyens de prévenir les méningites, assure le Pr Abramson, mais nous devons savoir s’il faut coupler de façon systématique la vaccination contre le paludisme à celle contre les méningites à méningocoques. »

Et aussi ... vaccin bivalent au lieu du vaccin trivalent contre la polio

L’autre volet des recommandations du SAGE concerne l’abandon du poliovirus de type 2 dans le vaccin oral contre la poliomyélite. La dernière infection par un poliovirus de type 2 ayant eu lieu il y a dix ans, ce type virus est désormais officiellement considéré comme disparu. En revanche, sa présence dans le vaccin antipoliomyélitique est associée à 40 % des cas de paralysies observées suite à une vaccination et à 90 % des cas d’infections par un poliovirus dérivé d’une souche vaccinale.

Le remplacement du vaccin trivalent par le vaccin bivalent aura lieu entre le 17 avril et le 1er mai 2015. En 2014, l’OMS a enregistré 200 cas de poliomyélites dans le monde, et seulement 38 en 2015, pour l’instant. Le Pakistan et l’Afghanistan sont en outre les derniers bastions où la poliomyélite reste endémique. Le Nigeria a été officiellement retiré des pays d’endémie ce lundi, après une période de 15 mois sans transmission du virus sauvage.

Après le virus de type 2, le poliovirus du type 3 sera le prochain à disparaître : les dernières infections par ce virus ont été enregistrées en 2012.

Concernant le vaccin VSV zEBOV contre Ebola, le SAGE ne fournit pour l’instant aucune recommandation, tant que le vaccin n’aura pas été accepté par les autorités sanitaires et que les données de sécurités ne seront pas plus consistantes. « Nous pensons que le vaccin fonctionne et qu’il est sûr, mais nous ne savons pas si la vaccination de toute une population fonctionnerait, conclut le Pr Abramson, dans l’immédiat, il vaudrait mieux le réserver aux travailleurs sanitaires ».

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr