PAR LES EXPERTS EXTERNES DE L’AFSSAPS*
LES ÉVÉNEMENTS SANITAIRES préoccupants de l’actualité conduisent certains à jeter un opprobre définitif sur l’institution de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé (AFSSAPS), sans distinction ni discernement, atteignant ainsi tous ses membres, personnel, évaluateurs internes et
experts externes, sans qu’aucune voix ne se fasse entendre en réponse.
Le silence observé conforte ainsi l’opinion publique dans la conviction que toutes les accusations formulées contre cette institution publique sont légitimes, et que tous les individus impliqués dans la sécurité sanitaire doivent être considérés comme malhonnêtes, voire criminels, au mieux totalement incompétents, et doivent par conséquent être voués aux gémonies. Les experts externes de l’AFSSAPS, habitués à la discrétion et à la réserve, se sont tus jusqu’à présent, subissant insultes et calomnies, tout en continuant à travailler. Ils ont décidé de se manifester pour éclairer l’opinion.
Ces experts externes, nombreux, ont été désignés dans le cadre d’appels à candidature avec un jury de sélection en raison de leurs compétences particulières et de leur expérience dans le domaine de la santé. Grâce à cette expertise externe, l’AFSSAPS dispose d’un large spectre de compétences qui lui permet d’atteindre un haut niveau scientifique et technique dans ses activités d’évaluation. Ces experts sont médecins, pharmaciens exerçant en milieu hospitalier, enseignants chercheurs, médecins libéraux et
pharmaciens d’officine.
Leur travail d’expertise demande un investissement important et ne leur apporte aucun avantage direct dans leur carrière. La motivation des experts repose sur la mise à disposition de leur expérience au service des patients, et dans leur détermination à faire valoir l’avancement des connaissances pour l’amélioration de la Santé Publique. Au sein des groupes de travail de l’AFSSAPS, la réflexion sur l’évaluation des risques encourus par le patient par rapport aux bénéfices attendus pour lui reste une priorité et une préoccupation constante.
Pour être nommés, les experts sont tenus de fournir une déclaration d’intérêts permettant à l’institution de déceler les éventuels liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique. Cette déclaration est publique. L’expert qui aurait un conflit d’intérêt concernant un dossier, ne peut ni l’étudier, ni assister aux discussions concernant ce dossier. Pour rappel, c’est le secteur de la santé qui est le plus en avance dans le domaine des déclarations d’intérêt.
L’opinion publique ne doit pas ignorer notre désarroi ainsi que celui des évaluateurs internes de l’AFSSAPS. Nous sommes tous montrés du doigt en cette période de crise, où les informations largement diffusées sont parfois incomplètes. L’opinion publique ne doit pas ignorer non plus que les experts continuent cependant à travailler, la démission n’étant pas acceptable pour des acteurs militants de la Santé Publique.
Nous sommes partisans d’une amélioration sereine des procédures de l’évaluation et des outils de la
pharmacovigilance. Nous souhaitons également que l’esprit de pharmacovigilance évolue autant dans
l’opinion publique qu’au sein du corps médical. Pour l’instant, dans les circonstances graves actuelles, nous demandons seulement que notre travail soit pris en considération et que l’on nous accorde la sérénité et la confiance indispensables à l’exercice de notre mission.
* Marie-Claude Bongrand, Marie-Hélène Denninger, Jean Doucet, Véronique Andrieu, Didier Armengaud, Alain Baumelou, Mireille Becchio, Robert Cohen, Joëlle Faucher-Grassin, Rémy Gauzit, Jean-Pierre Lépine, François Liard, Olivier Réveillaud, Jean-Paul Stahl, Albert Trinh-Duc
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