« L’EXPRESSION grippe porcine pour qualifier l’épidémie originaire du Mexique n’est pas appropriée dans la mesure où le virus qui la provoque n’a pas été à ce jour isolé sur des animaux, remarque Monique Eloit, directrice générale adjointe de l’OIE, l’organisme de santé animale de l’ONU, basé à Paris. Le virus a été identifié comme étant de type A/H1N1, avec deux valences porcines recombinées avec une valence aviaire et une valence humaine. En termes de santé animale, aucun cas, aucune épidémie ne nous a été signalée, souligne Mme Eloit, et cela n’a rien d’étonnant s’agissant d’un virus qui, le plus souvent, passe inaperçu chez le porc. C’est la raison pour laquelle la grippe porcine n’est pas une maladie à déclaration obligatoire à l’OIE. »
« Ce n’est pas une pathologie que l’on considère comme dangereuse chez l’animal, avec une prévalence de l’ordre de 2 %, confirme le Pr Jean Brugère-Picou, professeur de pathologie du bétail à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort et membre de l’Académie de médecine. Chez l’homme non plus, elle n’est guère virulente, et ce sont les éleveurs de porcs qui en constituent les premières sentinelles, les deuxièmes étant les vétérinaires, mais jamais avec des tableaux sérieux. Or, il faut noter qu’au Mexique l’épidémie s’est déclarée en milieu urbain et qu’aucun éleveur ne semble avoir été touché. Nous sommes donc en présence d’un nouveau virus et, comme pour les épidémies dites espagnole (1918-1919) ou asiatiques (1957-1958), la bonne dénomination devrait reprendre l’origine géographique, en l’occurrence mexicaine ou, à la rigueur, nord-américaine. »
Cette rectification sémantique serait de nature à prévenir des réflexes inadaptés des consommateurs, qui risquent de boycotter par précaution la viande de porc, alors qu’aucune preuve n’a été faite de transmission du virus par l’alimentation. De même, les restrictions d’importations, comme celles décidées par la Chine sur la viande de porc originaire du Mexique, sont scientifiquement injustifiées.
A l’OIE, on souligne encore que l’épidémie affecte la santé humaine sans avoir touché la santé animale. Rien ne permet à ce stade de documenter le passage du virus à l’animal. L’OFFLU, le réseau commun à l’OIE et à la FAO, recherche activement les séquences génétiques de virus grippal qui permettraient de découvrir le maillon manquant dans la chaîne de contamination de cette épidémie, entre l’animal et l’homme. Une épidémie au sujet de laquelle le Pr Houssin, directeur général de la Santé, confirme, lui aussi, que l’appellation porcine n’est pas la plus pertinente.
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