Les femmes représentent la moitié des médecins en France mais 22 % des élus nationaux du Conseil National de l’Ordre des Médecins en 2022 (Source : Ordre National des Médecins, 2022). Pour les nominations des PU-PH, les chiffres sont également en défaveur des femmes. Seuls 21 % des experts en santé à l’antenne sont des femmes ; la santé était le mauvais élève de l’étude du conseil supérieur de l’audio-visuel en 2020 (CSA, représentation des femmes dans les médias audiovisuels pendant l’épidémie de covid-19, juin 2020).
Afin de changer ces statistiques, le collectif Femmes de Santé (1980 membres de tous les horizons de la santé, soignants et non soignants, du public comme du privé) s’est retroussé les manches. Une méthode de réflexion et d’action commune, la Méthode d’Innovation Collaborative (MIC), a été conçue puis mise en place.
Un constat…
D’abord, une synthèse bibliographique des études proposées sur la place de la femme dans le secteur professionnel de la santé a mis en évidence quatre problématiques :
1-La perception ; les femmes sont d’abord perçues comme des femmes avant d’être considérées comme des professionnelles.
2- La vie de famille et l’autocensure, qui freinent la carrière des femmes (les courbes de salaires décrochent à partir du premier enfant).
3- Les femmes accèdent moins aux postes à hautes responsabilités.
4- La reconnaissance et la valorisation financière du travail des femmes sont moindres.
Ensuite, huit ateliers collaboratifs ont permis aux membres du collectif volontaires de proposer des solutions à ces problématiques. Les solutions les plus pertinentes ont été sélectionnées collégialement et développées lors des États Généraux de la place de la femme dans le secteur professionnel de la santé. Au total, 181 actrices et acteurs de santé ont participé à ces travaux.
...et des solutions
Face à cette mobilisation, je suppose que vous piaffez d’impatience à l’idée de connaître ces solutions…
D’abord, le collectif demande une campagne de communication gouvernementale et multicanale valorisant les femmes en tant que professionnelles et dénonçant le plafond de verre dans la santé ; notamment via la diffusion de séquences « vis-ma-vie » avec des hommes dirigeants, pour sensibiliser sur la réalité professionnelle vécue par les femmes ; et inversement. Après tout, l’égalité est une priorité présidentielle !
Ensuite, il s’agit de tendre vers un modèle professionnel universel qui normalise la maternité, avec par exemple l’intégration dans la fiche de poste des modalités d’accompagnement de la grossesse, du congé maternité, du congé paternité, de la continuité de l’activité au sein du service et des remplacements mis en place pendant ce congé ; ou encore l’incitation à la prise du congé paternité par les managers et les dirigeants.
La troisième proposition concerne la création d’une charte d’entreprise/d’institution qui favorise l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle avec notamment des engagements sur la gestion du temps (pas de réunion y compris pour les dirigeants après 18h, par exemple).
Parlons finances maintenant, les Femmes de santé vont plus loin que la loi Rixain. Elles souhaitent voir des minima de femmes porteuses de projets de Santé imposés dans les aides, les investissements et les subventions publiques. Après tout, nous sommes la Start-up Nation et une référence en santé publique.
Vers un label Femmes de Santé
Pour dépasser 2 000 ans d’histoire et de biais cognitifs genrés, un accompagnement spécifique des femmes dans les entreprises et les établissements de santé doit être généralisé. Il s’agit de proposer des formations et des groupes d’échanges pour casser l’autocensure et briser le syndrome de l’imposteur, de développer des parcours professionnels intégrés dans la Qualité de Vie au Travail ainsi que dans les objectifs RH, de proposer des systèmes de mentoring mixte, des hommes qui mentorent des femmes, des femmes qui mentorent des hommes, afin de gommer les différences de genre et de monter en compétence grâce aux savoir-faire de chacun.
Et pour finir, les participantes ont proposé la création d’un label Femmes de Santé…
Bref, ces six solutions et les dix-sept sous-solutions qui s’y rattachent (je vous en ai exposé quelques-unes), sont réalisables, simples et utiles. Encore faut-il assumer et avoir la volonté de les mettre en place.
Exergue : Le collectif demande une campagne de communication valorisant les femmes en tant que professionnelles et dénonçant le plafond de verre dans la santé
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