« Quand vous écoutez les programmes santé des candidats à la présidentielle, vous comprenez qu’ils vous écoutent… ». Fondateur du collectif de professionnels de santé et d'usagers « Santé en danger », le Dr Arnaud Chiche était porté par un vent d’optimisme, à l’issue du colloque de cette association, les 27 et 28 mars à Paris.
Petites équipes, petites structures
Pendant deux jours, soignants et citoyens, puis conseillers santé des candidats à la présidentielle, ont tenté de « remettre la santé au cœur du débat ». Avec la volonté de dégager des pistes partagées : sur les déserts médicaux et l’organisation des soins, « tout le monde a compris que les décisions devaient être prises à l’échelle du territoire, avec des petites équipes qui connaissent les besoins, et non à Paris », illustre l’anesthésiste-réanimateur de 46 ans à la polyclinique d'Hénin-Beaumont, qui s'était fait connaître en défendant la nécessité d'un « vrai Ségur » après « l'échec » de celui du gouvernement de juillet 2020.
Celui qui fut lui-même engagé dans la course à la présidentielle, obtenant une vingtaine de parrainages sans être « officiellement candidat », a donc restitué les propositions de son « vrai Ségur », fruit de 40 jours d’auditions d'experts, d'élus et de citoyens (sur la gouvernance du système de santé, le lien ville/hôpital, les déserts médicaux, la télémédecine, la prévention, la santé environnementale ou la recherche). Ces cahiers de doléances ont été rassemblées dans un livret d’une trentaine de pages, présenté aux équipes santé des candidats.
Revaloriser la PDS et le travail de nuit
À l’issue de ce processus démocratique, le Dr Chiche veut croire que les idées du collectif « Santé en danger » progressent, notamment pour garantir un accès équitable aux soins partout en France et combattre les inégalités de santé par un renforcement massif de l'offre. « Les Français meurent en raison du manque d’accès aux soins et de la fermeture des services d’urgence, avance-t-il. Mais aussi parce que le Smur n’est pas disponible, parce qu’on n’a plus assez de médecins de famille et qu'on prend du retard pour les maladies chroniques ou les pathologies cancéreuses ».
L'attractivité est aussi au programme. Pour redorer le blason des métiers de la santé, dans un contexte de forte tension sur les ressources humaines (médicales et paramédicales), plusieurs mesures ont été avancées par le collectif. Il faut « revaloriser la permanence des soins, le travail de nuit et les jours fériés, c’est un énorme oubli du Ségur de la santé », plaide le Dr Chiche, à l'unisson de plusieurs syndicats de praticiens hospitaliers. Il faudrait aussi « un choc de conscience » dans les Ehpad où « le manque de personnel entraîne de la maltraitance », considère le médecin.
Ne plus subir les crises
In fine, le collectif défend aujourd'hui la construction d'« un véritable bouclier sanitaire », une idée qui, selon son fondateur, aurait intéressé le Dr François Braun, un des référents santé d'Emmanuel Macron. Cela signifie « être capable d’être soigné partout en France avec un système de soins qui fera face à de nombreuses crises sanitaires » – et une planète confrontée aux défis « climatiques, démographiques ou migratoires ». « Notre système de santé devra être dimensionné en conséquence », alerte le Dr Chiche, ce qui suppose une refonte du financement, de nouveaux moyens humains et une priorité à la « santé environnementale ».
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