C'était la mesure phare du « pacte de refondation des urgences » présenté en septembre 2019 par l'ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour tenter d'éteindre le mécontentement naissant de l'hôpital. Le service d'accès aux soins (SAS) devait être l'une des réponses pour désengorger les urgences en les délestant d'au moins une partie des 43 % de passages évitables. En pleine crise sanitaire, durant l'été 2020, le gouvernement avait lancé un appel à projets auquel ont répondu 60 candidats.
Au final, 22 sites pilotes couvrant plus de 40 % de la population ont été retenus pour expérimenter ce dispositif qui doit assurer une réponse à la demande de soins urgents et non programmés, associant à la fois la ville et l’hôpital. Alors que la généralisation de ce service avait été annoncée pour 2022, « le chantier a pris un peu de retard car les professionnels de ville ou hospitaliers sont mobilisés par la crise sanitaire de même que les ARS qui doivent porter ce projet complexe », a expliqué ce lundi matin, Sylvie Escalon, la sous-directrice de la régulation de l'offre des soins à la Direction générale de l'offre des soins (DGOS), invitée d'une table ronde de l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).
60 % des appels relèvent de la médecine générale
Néanmoins, 15 projets ont déjà démarré dont le SAS de la Moselle dans le Grand Est. Lors de la même table ronde, le chef des urgences du CHR de Metz-Thionville, le Dr François Braun, révèle que le dispositif a été « rapide » à mettre en place dans son département, en particulier sur le volet de la régulation médicale. En effet, depuis 1993, les médecins urgentistes et libéraux mosellans travaillent main dans la main, dans les mêmes locaux, qu'ils s'agissent des soins non programmés ou d'urgence vitale. « Sans faire aucune publicité, nous avons eu une augmentation de l'activité - de 10 à 15 % d'appels supplémentaires - liée au Covid», se félicite l'urgentiste. Par ailleurs, 60 % des appels relèvent de la médecine générale et 40 % de la médecine d'urgence. « Nous n'avons pas pour l'instant de retour sur une baisse de la fréquentation des urgences hospitalières, a indiqué celui qui est aussi le patron de Samu-Urgences de France. Le SAS a probablement un effet mais, pour l'instant, celui-ci a été gommé par la forte sollicitation de la population liée à la crise sanitaire. »
De son côté, la Dr Valérie Briole, présidente de l'URPS médecins libéraux Île-de-France, explique que, dans la région, « les choses se construisent et s'accélèrent » mais qu'il existe encore des blocages en raison à la faiblesse des moyens alloués à l'effection en médecine générale. « Il faut sortir du forfait structure prévu par l'avenant 9 et prévoir une amélioration de la rémunération au moins égale à celle de l'avis ponctuel de consultant (APC) (NDLR = 50 euros) », dit-elle.
Numéro unique
Sur les 15 projets qui ont démarré, la DGOS a confirmé les freins liés à la rémunération de l'effection. Mais pas seulement. La question de la formation des assistants de régulation médicale d'urgence (ARM) est un deuxième obstacle soulevé par les responsables des sites pilotes. « 200 sont formés chaque année, alors qu'il en faudrait 400 », reconnaît Sylvie Escalon. Avant toute généralisation du SAS, une évaluation des 22 sites pilotes sera effectuée « en début de l'année prochaine » . Cette évaluation permettra peut-être d'arbitrer sur « une porte d'entrée unique » vers la régulation et quel que soit le numéro composé : le 15, le 116 117 (numéro de régulation libérale, déjà expérimenté dans trois régions) ou le 112. « L'importance est que le premier décroché est médical », insiste le Dr François Braun.
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