Décidément, la proposition de loi portée mercredi par la majorité présidentielle, visant à concrétiser plusieurs mesures issues du Ségur de la santé, n'en finit plus de faire parler. Après la controverse sur la création d'une profession médicale intermédiaire – et le recul du gouvernement – c'est une autre mesure très clivante qui vient de surgir. À la faveur des débats en commission des affaires sociales, le député (LREM) de la Charente et médecin urgentiste Thomas Mesnier a fait voter le principe de la création d'un numéro unique de santé, le 113, qui divise le monde médical.
Quelques jours seulement après l'annonce par le ministère de la Santé des 22 sites pilotes retenus pour expérimenter le service d'accès aux soins (SAS) à partir de janvier 2021, Thomas Mesnier a voulu inscrire « dans le marbre de la loi » ce guichet unique « très attendu par les professionnels ». Mais l'urgentiste en a profité pour faire avancer ses pions sur la création d'un « numéro unique national dédié à la santé », le 113, en remplacement des différents numéros actuels 15 (aide médicale urgente) et 116-117 (pour la permanence des soins des libéraux).
Pour justifier son article additionnel, Thomas Mesnier a vanté la « passerelle entre médecine de ville et médecine hospitalière » que représente ce nouveau numéro dont « la cogestion se ferait à 50/50 » entre le SAMU et les libéraux. « Cela serait un progrès manifeste à rendre aux Français », a-t-il suggéré devant la commission des affaires sociales.
Passage en force ?
Malgré le soutien de sa collègue Stéphanie Rist, rapporteure de cette proposition de loi, le député Mesnier a dû faire face à une opposition défavorable au projet. « Prématuré », « au forceps », « sans analyse », les députés de droite comme de gauche ont étrillé la méthode de celui qui est aussi rapporteur général de la commission pour faire passer une mesure « sur laquelle il n'y a pas de consensus ».
Comme l'a rappelé le Dr Jean-Pierre Door (LR), les syndicats de médecins libéraux sont formellement opposés à un numéro unique de santé et préfèrent généraliser le 116-117 pour le volet libéral. Le Syndicat des médecins libéraux (SML) a dénoncé aussitôt un « passage en force » et demande au gouvernement de retirer cette disposition.
Il a également été reproché à Thomas Mesnier de faire fi des revendications des pompiers qui plaident pour un numéro unique secours, incluant également la police, autour de l'actuel 112. « Vous allez mettre le feu à la caserne », a mis en garde Pierre Dharréville, député communiste des Bouches-du-Rhône.
L'article sur le numéro unique de santé a finalement été adopté mais il fera l'objet de nouvelles discussions lors de l'examen de la proposition de loi en séance publique qui aura lieu à partir du lundi 30 novembre.
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