À quoi ressemblera le futur service d'accès aux soins (SAS) censé désengorger durablement les urgences hospitalières ?
Cette superplateforme de régulation promise par Agnès Buzyn il y a un an est annoncée dans les prochains mois. L'objectif de ce guichet unique est d'assurer une réponse adaptée 24H/24, sept jours sur sept : envoi d'un SMUR en cas d'urgence vitale, rendez-vous chez un généraliste sous 24H, téléconsultation... Six territoires pilotes devraient être désignés pour essuyer les plâtres avant une généralisation France entière.
Mais pour les professionnels impliqués, plusieurs questions restent en suspens et des zones d'ombre persistent sur la forme que prendra l'organisation concrète sur le terrain. À l'occasion des « Contrepoints de la santé », à Paris, le Dr Jacques Battistoni, président de MG France et son homologue de SAMU-Urgences de France (SUDF), le Dr François Braun, ont évoqué leurs principales inquiétudes.
Table rase
Le numéro d'accès au SAS reste la principale pomme de discorde entre hospitaliers et libéraux. Si les premiers réclament un numéro unique – par exemple le 113 comme le suggérait le rapport Mesnier/Carli – les seconds bataillent pour conserver au minimum le 116 117, numéro spécifique aux soins de ville, pour l'accès aux soins non programmés libéraux. SOS Médecins de son côté ne veut pas être mis à l'écart et entend conserver l'accès direct à ses équipes. « Il y a trop de numéros d'urgence en France actuellement », recadre le Dr François Braun, au nom des SAMU. « Nous voulons une organisation spécifique et autonome des soins ambulatoires et sa visualisation par le public », réplique le Dr Jacques Battistoni (MG France).
Car ce que craignent toujours les libéraux dans cette affaire, c'est d'être placés sous tutelle de l'organisation hospitalière. Mais sur ce point, le patron de SUDF se veut rassurant. « Le SAS ne tiendra la route que s'il est coconstruit et cogéré entre l'aide médicale urgente et la médecine générale, il faut faire table rase du passé », balaie-t-il. Les projets d'expérimentation qui ont déposés associent de fait la médecine hospitalière via les SAMU et les médecins libéraux, confie un expert du dossier.
Valoriser les libéraux, oui mais comment ?
La question de la rémunération des libéraux reste centrale. C'est un des sujets des négociations en cours entre les syndicats et l'assurance-maladie qui attend une « implication plus forte des médecins dans l'effection des soins non programmés ». « Il faut valoriser à la fois l'outil, donc la plateforme de régulation, et les effecteurs, donc les médecins, pour leur donner envie de répondre aux besoins de la population », alerte le président de MG France.
À l'hôpital aussi, le financement des urgences devra évoluer s'il veut s'adapter au service d'accès aux soins. « Il faut réduire la part de tarification à l'activité et aller vers un financement populationnel et à la qualité », résume le Dr François Braun. Cette réforme complexe est en cours pour 2021. « Et il faut casser l'idée qui consiste à dire que les hôpitaux ont intérêt à faire venir les gens aux urgences pour gagner de l'argent, nous sommes là pour répondre aux besoins d'une population », exhorte le chef des urgences du CHR de Metz-Thionville. Et de faire preuve d'optimisme. « Ce n’est pas une usine à gaz qu'on est en train de construire, glisse le Dr François Braun, mais un orchestre symphonique avec un chef d'orchestre, le 113 ».
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