Après les attentats, la voix des médecins doit se faire entendre, plaide le Dr Salines (Association « 13 novembre, fraternité et vérité »)

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Publié le 16/07/2016
Georges Salines

Georges Salines
Crédit photo : AFP

« Le numéro d’appel d’urgence centralisé a été activé beaucoup plus vite pour Nice qu’il ne l’avait été à Paris après les tueries du 13 novembre, constate le Dr Georges Salines, qui préside l’association « 13 novembre : fraternité et vérité ». C’est un acquis : chaque attentat provoque des avancées dans la prise en charge, qui bénéficient aux victimes des attentats suivants.  Par le truchement de la FENVAC (fédération nationale des victimes d’attaques et de catastrophes) à laquelle nous avons adhéré, avec son secrétaire général Stéphane Gicquel, nous participons à la cellule de crise mise en place au ministère de l’Intérieur. Nous sommes un relais aussi auprès du secrétariat d’État chargé de l’aide aux victimes. »

Le Dr Salines, dont la fille Lola, 29 ans, a perdu la vie lors des fusillades du Bataclan, le 13 novembre, a appris vendredi au réveil la nouvelle de l’attentat de Nice. « Comme à chaque fois, et en dernier lieu lors de l’attentat de Bagdad qui a fait 300 morts, j’ai été tout d’abord submergé par l’émotion, confie-t-il au « Quotidien ». Et comme à chaque fois, je me suis posé la question : tout a-t-il été fait pour protéger la population ? Nous sommes face à des ennemis qui tirent et qui foncent dans le tas, cela doit nous tenir plus que jamais unis, à l’écart des surenchères politiques. Au sein même de notre association, entre victimes et parents de victimes, nous constatons combien il peut être difficile de tenir un cap républicain, pour défendre nos valeurs démocratiques sans céder aux dérives. »

Vecteurs de réponses préventives et curatives

Les médecins ont-ils une partition à jouer dans le concert et parfois la cacophonie des réactions ? « Je ne voudrais pas passer pour complaisant à l’égard des lecteurs du « Quotidien », répond le Dr Salines, mais je suis convaincu en effet que si, comme médecins, nous sommes des citoyens comme les autres, nous avons un avantage que nous devons faire entendre : par rapport aux réactions purement répressives, nous avons vocation à privilégier les réponses préventives et curatives. Face aux agressions terroristes, elles sont plus que jamais indispensables. Et c’est en ce sens que je rejoins cette idée : il faut changer de logiciel pour faire face aux attaques, la réponse militaire n’est pas suffisante. Il faut traiter le radicalisme autrement. »

Quant au suivi matériel des victimes, il reste encore bien des améliorations à lui apporter, estime le Dr Salines : « Les prises en charge financières et juridiques demeurent insuffisantes ; les associations doivent se battre pour obtenir leurs améliorations. Là encore, il faut faire front et réagir tous ensemble. »

Christian Delahaye

Source : lequotidiendumedecin.fr