Plusieurs syndicats d'infirmiers libéraux ainsi que l'Ordre professionnel s'insurgent contre la réforme du système de santé du gouvernement. L'une des raisons de leur colère : la création du métier d'assistant médical, afin de dégager du temps pour les médecins.
Si pour le moment il n'est pas précisé que les infirmiers pourraient endosser ce rôle, pour la Fédération nationale des infirmiers (FNI), c'en est déjà trop. Pour la structure syndicale, il s'agit d'une mesure supplémentaire « pour replacer les infirmiers sous la tutelle des médecins libéraux » et remettre en cause leur indépendance et leur champ d’activité.
« La création des infirmiers en pratique avancée ne doit pas servir à démanteler plus encore les compétences des infirmiers pour en faire des petites mains salariées chargées de tenir l’agenda du médecin », a réagi la FNI, qui demande au président de la République de donner des « gages » aux infirmiers, sous peine de l'ouverture « d'un grave conflit avec la profession ».
Au sein du Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux (SNIIL), ce sont également l'amertume et la colère qui règnent après l'annonce de ce plan qui bénéficiera « avant tout aux seuls médecins », notamment sur le plan financier. « Les syndicats infirmiers n'ont jamais été consultés sur l'intégralité du projet, y compris sur les créations du métier d'assistant médical ou des nouveaux parcours de soins (insuffisance cardiaque et diabète) », déplore le SNIIL, soulignant par ailleurs que seuls les médecins libéraux pourront accéder aux comités de pilotage des futurs hôpitaux de proximité.
« Médecine d'un temps révolu »
Du côté de l'Ordre infirmier, on souligne des annonces « encourageantes », en particulier la hausse de 400 millions d'euros de l'ONDAM qui pourra servir à la rémunération des infirmiers de pratique avancée et la prise de conscience de la souffrance des soignants à l'hôpital. En revanche, l'Ordre ne digère pas non plus le déploiement des assistants médicaux, évoquant une médecine « d'un temps révolu » avec de simples « subalternes du corps médical », payés par la collectivité. Pour l'institution, la création de ce nouveau métier est contradictoire avec une vision collective, coordonnée et graduée de la prise en charge des patients, et ne résoudra pas le problème des déserts médicaux.
Pour l'Ordre, ce plan est également trop tourné vers les médecins, alors que les patients sont en contact « avec une diversité de professionnels » aux expertises complémentaires. « Nous sommes 680 000 à exercer sur l'ensemble du territoire, ce qui fait de nous la première profession du secteur de la santé, et pourtant, nous nous sentons oubliés du plan santé présenté par le président de la République », conclut l'instance.
L'Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (ONSIL), enfin, n'est guère plus optimiste sur l'avenir de la profession, « malmenée en structures, ignorée en libéral dans un système médico-centré qu'on arrose de subventions et demain d'assistants ». « Nous sommes victimes d'une réelle maltraitance des pouvoirs publics », estime l'ONSIL. L'organisation appelle d'ailleurs tous les syndicats et les associations professionnelles à se fédérer et à lancer « un grand mouvement national » de protestation.
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