Surtout ne pas craquer. C’est sans doute ce que nombre de professionnels de santé se disent actuellement face à l’urgence. Ils ont beau travailler pour beaucoup en équipe, ils n’ont probablement jamais autant ressenti que ces dernières semaines la grande solitude du soignant. Un sentiment étrange qui naît de la conscience aiguë des attentes de la société et de la difficulté de faire face à un mal encore mystérieux, qui il y a quelques semaines ne figurait dans aucun manuel d’infectiologie. Face à ce nouveau péril, les médecins sont démunis. Et leur principal motif de stress tient précisément à l’absence de traitement et au contingentement des moyens de détection et de protection. Qu’on le veuille ou non, la médecine moderne doit de plus en plus composer avec une obligation de résultat qui ne dit pas son nom. Et voilà qu’un virus fait entrer le colloque singulier dans l’ère de « l’à peu près », du « mieux que rien » et du « on fait ce qu’on peut ». Comme si les avancées scientifiques du XXe siècle ne s'étaient pas produites... Les premiers dilemmes éthiques viennent compliquer la donne. Selon sa spécialité, chacun les déclinera à sa façon : qui faire bénéficier des essais ? Qui traiter en premier ? Qui faire venir au cabinet ? Qui accepter en réa ? La vie quotidienne des soignants est faite encore d’autres interrogations, non moins anxiogènes avec la crainte de tomber malade et, pire, de contaminer ses patients, ses voisins, ses proches. À cela s’ajoute pour de nombreux libéraux de santé des soucis financiers et administratifs tout à fait inédits en période d’épidémie, que les pouvoirs publics vont devoir prendre en compte. Les temps sont durs, décidément, pour les acteurs de santé. Cela rend d’autant plus inadmissibles les attitudes méfiantes relevées çà et là à leur égard. Beaucoup tiendront le coup. Mais à quel prix au plan psychologique ? Saluons donc la campagne de l’association SPS dont nous sommes partenaires et les nombreuses initiatives publiques et privées qui, sur le terrain, viennent en soutien aux confrères.
Éditorial
Attention, fragiles
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Publié le 07/04/2020
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Jean Paillard
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Source : Le Quotidien du médecin
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