L'augmentation des cotisations 2021 des mutuelles santé est évaluée en moyenne à 2,6 %, assure la Mutualité française qui publie ce jeudi les résultats de son enquête annuelle menée auprès de 32 mutuelles adhérentes*. Cette hausse est plus faible en individuel (+2,1 %) qu'en collectif facultatif (+3,6 %) et en collectif obligatoire (+3,3 %), affirme la FNMF. « Cette évolution s’inscrit dans l’augmentation moyenne annuelle des dépenses de santé des mutuelles observée sur les 10 dernières années », plaide la Mutualité précisant que, parmi ses mutuelles, une sur 5 n'augmente pas ses tarifs.
Vers un rattrapage des soins ?
Cette évolution tarifaire est due, argumente la Mutualité, à l'augmentation des dépenses de santé estimée pour 2021, dépenses « amplifiées par un rattrapage des soins ». Cette hausse des prix tient également compte de l'exercice 2020 « où les moindres dépenses de santé du fait du Covid ont été compensées par la taxe mise en place par le gouvernement ». En 2019, rappelle encore la FNMF, la consommation de soins et de biens médicaux (208 milliards d'euros) avait déjà progressé de 2,1 % (contre +1,6 % en 2018) du fait de l'évolution des soins hospitaliers.

En présentant ces tarifs moyens en hausse, la Mutualité fait valoir qu'en dix ans, les complémentaires santé ont augmenté leurs remboursements aux adhérents de « 29 % ». Et de préciser aussi que les mutuelles ont reversé à leurs adhérents « 79 % de leurs cotisations (hors taxe) » sous forme de prestations (hors frais de gestion des sinistres), « plaçant leur retour sur cotisations devant celui des sociétés d'assurance (75 %) ». Le directeur général de la Mutualité, Albert Lautman insiste particulièrement sur cette « baisse des frais de gestion », confirmée en 2019 (-1,4 %), pour la deuxième année consécutive.
Que Choisir dégaine ses chiffres
Ces précautions n'ont pas empêché la polémique de grandir ce jeudi sur la croissance des cotisations des complémentaires santé, et sur leur légitimité. Car ce même jour, quelques heures plus tôt, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, a dénoncé de son côté une « inflation médiane » des assurances santé de 4,3 % cette année, soit « trois fois plus que l'augmentation du pouvoir d'achat des Français espérée cette année ». Une progression « difficile à justifier alors que la crise sanitaire leur a paradoxalement été favorable », tance Que Choisir.
L'association se fonde sur l'analyse de 623 contrats individuels, provenant de 123 organismes différents (assurances, mutuelles, institutions de prévoyance). Cette étude a mis en évidence « la grande disparité des pratiques entre organismes complémentaires, peut-on lire. Ainsi, parmi les 17 organismes pour lesquels nous avons reçu le plus de contrats, l’inflation médiane va de 0 % à… 8,5 %. Dans le détail, si Muta Santé, Pro BTP, la Mutuelle Générale et la MNH ont augmenté leurs tarifs de moins de 3 %, Adrea Mutuelle, Klesia, Swiss Life et Malakoff Humanis approchent ou dépassent, sur notre échantillon, les 7 % d’inflation médiane », souligne l'UFC-Que Choisir.
Lobbying
Une nouvelle fois, l'association (qui a obtenu la loi sur la résiliation à tout moment des complémentaires santé), a profité de son enquête pour réclamer au gouvernement d'aller plus loin en simplifiant la comparabilité des offres « toujours défaillante » et en contraignant le secteur à davantage de transparence sur ses tarifs et ses frais de gestion.
« Nous déplorons que de nombreux acteurs communiquent tout au long de l’année sur des chiffres reposant sur des méthodes qui ne sont pas représentatives des cotisations opérées par l’ensemble des mutuelles », a regretté le DG de la Mutualité française.
* 32 mutuelles ont participé à cette enquête, couvrant 13,9 millions de personnes en complémentaire santé (8,4 millions en contrat individuel et 5,5 millions en contrat collectif).
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