Bilan du DPC : davantage d'inscrits, budget tenu et grand ménage dans les formations

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Publié le 13/07/2018
Lenoir-Salfati

Lenoir-Salfati
Crédit photo : S. Toubon

Après deux ans de fonctionnement, l'Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC), créée en 2016, a rendu public son premier rapport d'activité. Contrôle qualité, hausse des professionnels engagés : devant la presse, la directrice générale de l’agence, Michèle Lenoir-Salfati, n’a pas caché sa satisfaction.

Le nombre de professionnels de santé engagés dans le DPC est en hausse de 10,4 % par rapport à 2 016 (140 093 en 2017 contre 126 935 en 2016) tout comme le nombre d’inscriptions – en augmentation de 8 % (184 248 inscriptions en 2017). Parmi ces professionnels inscrits à au moins une action de DPC 2017, 98 % sont des libéraux (dont 33 % de médecins) et 2 % sont des salariés de centres de santé. Selon le rapport, 36 657 professionnels de santé (26 % du total) se sont engagés pour la première fois en 2017. Chez les médecins, ces « primo inscrits » représentent 21 % des 46 344 praticiens inscrits à une action de DPC.

Fait marquant pour 2017 : les médecins et les infirmiers sont les deux professions qui s'investissent le plus dans le DPC. Ils représentent à eux seuls plus de 60 % de l'effectif total. Au 31 décembre 2017, chaque professionnel de santé a suivi en moyenne 11 h 52 de DPC – les médecins affichant un nombre d’heures moyen de 13 h 21 par praticien.

Hypnose, médecine naturelle et art-thérapie refusées  

Deuxième point de satisfaction : l'instauration d’un vrai contrôle qualité de l’offre de DPC. Ce contrôle porte sur les organismes mais aussi sur les actions dispensées. Ainsi, sur 2 572 demandes d’enregistrement en qualité d’organisme de DPC, 506 dossiers ont été rejetés ! « Nous portons un regard attentif sur la composition du conseil scientifique, aux liens d’intérêts ou au budget par rapport à l’industrie pharmaceutique », explique Christiane Chevillard, directrice du développement et de la qualité du DPC.

Sur les actions cette fois, l'ANDPC a effectué un contrôle administratif a priori  pour vérifier leur conformité aux orientations nationales et refuser les pratiques dites « non conventionnelles à visée thérapeutique ». Sur ce critère, l'agence a écarté massivement les actions d’hypnose (28 % des refus), les médecines naturelles (huiles essentielles, aromathérapie, soit 19 %), les méthodes énergiques (réflexologie, acupression, relaxation, 10 %) et l’art-thérapie ou sociothérapie (cuisine, danse, rire… 5 %). Ainsi sur les quelque 19 000 actions proposées, 3 200 n’ont pas été retenues.

Contrairement aux années précédentes, aucune profession n’a vu son enveloppe financière (de DPC) fermée. Sur un budget total alloué de 173 millions d’euros, 160 millions ont été dépensés. Pour les médecins, la dotation de 90 millions d’euros attribuée à la profession a été engagée à hauteur de 93 % –  soit 1 797 euros en moyenne par médecin.

L'interpro peine à s'imposer

Malgré ces avancées, la directrice Michèle Lenoir-Salfati estime que l’agence doit relever de nouveaux défis. Certaines thématiques comme la pertinence des soins ou l'interprofessionnalité, essentielles pour accompagner la stratégie nationale de santé, peinent à émerger. Alors que l’offre de DPC est à 40 % pluriprofessionnelle, les libéraux de santé privilégient massivement les actions monoprofessionnelles (81 % des inscriptions constatées contre 19 % sur des actions interpro). 

« Il manque une logique pluriprofessionnelle dans les orientations prioritaires », analyse Michèle Lenoir-Salfati. En outre, « il manque peut-être une ingénierie pédagogique particulière dans ce domaine et les incitations pour développer ces actions », avance Anne Depaigne-Loth, chargée de la mission études et veille.

L'agence nationale souhaite « donner plus de sens au DPC. » Cet objectif passe par une redéfinition des priorités avec davantage d'offres sur la coordination des soins et les logiques interprofessionnelles, explique la directrice générale de l'ANDPC.


Source : lequotidiendumedecin.fr